mercredi, avril 28, 2010

du changement?

j'appelle ça une photo improbable. Il suffit d'un peu de mise en scène, d'un soupçon d'humour et un téléphone portable.
C'est très simple en fait.... Plus simple depuis que j'arrive enfin à m'accepter telle que je suis, que je n'ai plus peur du miroir ou de ce moi à un instant T sur une photo.
Plus simple aussi quand on décide de suivre ses envies et de vivre sa vie!
Parfois des peurs parfois des doutes...

Mais revenons à cette photo, invitation à s'approcher un peu plus de mon cou... Le mordiller peut-être
Invitation suggestive langage du corps et des sens.

mardi, avril 27, 2010

à mon retour!!


Presque trois mois sans venir ici, sans nouveaux textes, sautes d'humeur, tristesse ou joie....



C'est que je n'avais plus internet, et à force de remettre à demain ce que j aurais pu faire en 5 mn montre en main...



vous devinez la suite.



je suis heureuse de retrouver mon blog. Je ne me suis jamais posée la question de savoir qui pouvais s'arrêter ici.


J'ai juste ouvert ce blog comme un défouloir où je pourrais tout déverser, et comme je manie mieux l'écrit que l'oral, le choix fut vite fait.


sans compter l'influence de mon ancien coloc, il a su suggérer que ça pouvait me faire du bien... Il n'avait pas tord. Sans compter que ça m'a obligée à réécrire comme j'en avais parfois l'habitude ado.




Je ne sais pas ce qu'il s'est passé en moi depuis janvier mais j'ai la certitude de voir les choses différemment. Je reste moins prostrée face aux épreuves. J'ai soudain l'envie de vivre réellement, d'agir vraiment, toujours me rendre utile et puis parfois penser à ma gueule.


Je crois que je vais bien même s'il me reste encore un peu de travail pour être sereine.


C'est simple, j'ai trois choses qui me tiennent à coeur, plus que tout et j'aimerais simplement les réaliser.


Alors oui je stresse encore souvent, j'ai des doutes, des peurs.... Sauf que je ne me renferme plus sur moi comme une huître, j'en parle! Et c'est fou comme ça me fait du bien.


Donc la bonne nouvelle c'est que je pense que vous aurez moins souvent des textes vous donnant envie de sauter par la fenêtre- sincèrement, j'en suis désolée- et que je vous montrerai finalement un peu plus qui je suis par le biais de mes goûts, de ma façon de voir le monde, de mes idées et idéaux.


Je ne tiens plus à être ou me complaire dans le rôle de la victime. Et même si parfois les nuages gris reviennent, il me suffira de les chasser d'un revers de la main.


Voilà, c'est dit!

regard sur l'expo de Munch




Comme beaucoup, je ne connaissais de son oeuvre que "Le cri".
Et je fus tout d'abord désorientée par ses paysages calmes, presque naïfs d'une Norvège où la sérénité semble de mise...
Premier signe,très vite, le visage d'une enfant, étrangement son regard ne révèle aucune insouciance,aucune joie. L'innocence semble déjà être submergée par quelque chose de plus grave:solitude, mélancolie.

Autre toile, douceur d'une journée ensoleillée, une ombre envahit doucement la toile, mettant ainsi en danger la femme représentée, qui, de bleu vêtue, se serait confondue avec le fjord sans sa coiffe rouge.

Et, lorsque je me retourne, je découvre hypnotisée quatre versions d'une même toile:"La Madone". Loin de toute représentation religieuse, elle est plutôt un appel au plaisir, véritable objet de désir. Mystérieuse, son corps se détache d'un fond noir, ce qui nous la rend plus dangereuse. C'est alors que se met en place sous mes yeux, les difficultés relationnelles du peintre avec les femmes.
D'abord madone interdite, promettant plus l'Enfer que le paradis, elles deviennent harpie ou sirène, menace pour la vie même de l'homme.

Un peu plus loin, au travers d'une lithographie intitulée "Alpha et Oméga", Munch revisite le jardin d'Eden. Ce n'est plus le paradis idyllique. Dés la rencontre des deux personnages, ils s'enfoncent dans une forêt sombre, inquiétante. Oméga ou Ève, n'est plus simplement condamnée à croquer dans la pomme. Véritable reine de la forêt, elle donne descendance à des êtres mi-hommes, mi-animaux, se rendant ainsi coupables de multiples adultères. Trahison, jalousie, folie conduisent d'abord au départ d'Oméga puis à sa mort. Alpha la tue, à moins que ce ne soit son propre reflet. En effet, la litho, sobrement intitulée "Mort d'Oméga" rappelle également un autre mythe, celui de Narcisse. Ainsi, plus amoureux encore de son reflet, il la tue. Oméga, double féminin d'Alpha, disparaît. On aurait pu croire les maux de ce dernier terminés, bien au contraire. Après le désespoir et la folie, c'est une mort bien atroce qui l'attend.
Défiance envers les femmes. Pas dignes de confiance. Immanquablement, elles finissent par tromper. Pouvoir absolu de celles-ci qui place les hommes sous leur joug (autre titre d'une lithographie), les femmes jouent avec le coeur des hommes.
Elles les vampirisent pour mieux les faire souffrir. C'est sur cette dernière forme que je voudrais revenir. Ces femmes-vampires au corps parfait, aux longs cheveux qu'elles utilisent comme les mailles d'un filet, ne sont pas sans rappeler les Sylphides(autres femmes vénéneuses, personnages du manga "Albator"). Avec la Madone, se sont sans doute elles qui fascinent le plus. Charge érotique et névrotique, leur corps est une arme de destruction massive, qu'elles manient avec une facilité déconcertante. L'homme ne peut s'empêcher de tomber amoureux, se fait avoir et se meurt à petit feu sous les dents de la belle.

Sombre à souhait, ce même destin funeste se répète dans des oeuvres qui, au premier abord, ne donnent pas cette piste de lecture. Je pense à la nuit d'été dans un jardin ou plusieurs couples sont enlacés. Ce sont les couleurs qui nous indiquent la trame. En effet, les femmes portent des robes colorées, contrairement aux hommes en costume sombre. A moins que ne soit figuré qu'un seul homme, le peintre lui-même, va de femme en femme mais répète sans cesse la même histoire insatisfaisante, douloureuse et qui le laisse seul et désespéré.

Pourtant, certaines semblent être épargnées par ce jugement. Il y a d'abord les mères, Munch perdit la sienne alors qu'il n'était qu'un enfant. Il y a les femmes qui pleurent, blessées par les mêmes maux du peintre. Plus énigmatiques, ces femmes pensives qui regardent au loin, ou nous regardent comme pour nous interpeller. Même insérées dans un groupe, leur différence et leur solitude crèvent la toile.

La solitude, autre obsession du peintre, difficile à supporter, bien que le salut ne semble pas venir de cet autre qui nous ressemble tant.
La maladie et la mort viendront également hanter l'esprit de ce créateur de génie, au point qu'il fit plusieurs versions de l'enfant malade et qu'il peignit son autoportrait, alors qu'il avait la grippe espagnole. Ces spectres qui le tourmentent, furent, à n'en pas douter, ses compagnons de route toute sa vie durant.
Sans doute, il y avait là une certaine forme de fascination. Sans doute, il y avait là deuils impossibles.

Je parlerai enfin de deux apparitions, rappelant la tête du personnage du "Cri". L'une est sur deux versions de "La Madone", l'autre sur un de ses autoportraits et se tient au fond de la salle d'un café.
Plus qu'un "anti-cri", cette expo s'inscrit pour moi dans la continuité, dans l'annonciation et la confirmation d'un mal profond.
J'y ai vu l'écorché malmené par la vie, l'être torturé qui n'hésitait pas à torturer ses toiles: en grattant la peinture, en les abandonnant volontairement sous la pluie, le vent ou la neige.
Une expo qui nous rapproche peut-être de cet homme et l'envie de le prendre dans ses bras pour que s'envolent ses soucis, ses peurs, ses blessures... Enfin moi, j'aurais aimé pouvoir le faire, la petite fée en moi qui parle sans doute...

liberté de Tony Gatlif


C'est un film poignant, un film qui tente de raconter ce que nous avons fortement tendance à oublier dans nos livres d'Histoire ou à résumer en quelques lignes voire en quelques mots.


Très vite, le sujet est donné, dés l'ouverture du film.


Plan rapproché de barbelés laissant voir un camp. Neige et vent envahissent ce triste décor et, soudain une musique. C'est que le réalisateur ne tient pas à s'attarder ici. Il préfère se souvenir de la vie de ces déportés, de leur joie de vivre, de leur mode de vie. Parce qu'ils ont apprivoisé la musique comme certains les mots, c'est celle ci qui sera leur voix pendant tout le film. Les barbelés se transforment alors en cordes, celles d'un piano puis celles d'un instrument à cordes.


Et puis enfin, ils apparaissent. Une famille entière une tribu comme les autorités le disent, traversent un sombre tunnel dans leur roulotte. Avec eux, ou plutôt non loin d'eux, un orphelin dont on comprend très vite qu'il connaît déjà les horreurs de cette guerre pas comme les autres.


Ce "gadjo" est rapidement pris sous l'aile ou plutôt les ailes de notre famille même si certains pensent qu'il n'est pas à sa place. Première discrimination fragile face au sentiment fraternel qu'il semble susciter chez les autres. Entre opprimés, la compréhension, l'entraide semblent vouloir naître.




Premières répressions du gouvernement français: la carte d'identité anthropométrique des nomades, l'obligation d'obtenir un "visa" de tous les endroits où ils font halte, la loi visant à interdire leur mobilité.


Autant dire que c'est une première condamnation à mort de ces peuples: leur donner des papiers, les identifier coûte que coûte, les parquer enfin dans des zones connues par la police et la gendarmerie.


Étrange similitude entre ce qu'ils ont subi hier et ce qu'ils subissent aujourd'hui...par extension, on pourrait dire que toutes ces lois visant à nous "protéger" ou nous suspecter, selon le point de vue, nous ramène tous dans une époque peu glorieuse et pour la France et pour l'Europe entière. Citons pèle-mêle: la multiplication des caméras de surveillance, la multiplication des contrôles d'identité (via cartes d'identité, passeports, cartes de séjour, titres de transport...), lois visant à nous surveiller sur internet, les centres de rétention administratif... Tout citoyen devient suspect de par sa couleur de peau, son pays d'origine, sa religion, son point de vue politique. Réminiscence donc de vieux spectres que l'on croyait avoir chassé pour de bon.




Secondes répressions, les plus visibles bien sûr: arrestations musclées (avec les gendarmes français en première ligne) et la déportation dans des camps... Là aussi les similitudes avec certaines démocraties libérales ne peuvent laisser indifférents.




Dernière enfin, la mise à mort d'un des tziganes par un officier allemand, parce qu'il ne voulait pas quitter son camps, son mode de vie. Abattu comme un chien, c'est symboliquement la liberté que l'on voit mourir sous nos yeux. "Taloche", comme on le surnomme, adulte-enfant, un peu fou qui ne comprend plus rien à ce monde qui l'entoure ne saisit pas qu'on puisse vouloir l'enfermer entre quatre murs, même pour son bien. En effet, il est le seul à rester au pas de la porte de la maison "vendue" par le maire du village à la matriarche, afin que toute la famille puisse sorti du premier camp où ils sont enfermés. Les initiales RF apparaissent bien à l'écran d'ailleurs, au cas où nous aurions oublié que de tels camps existaient un peu partout sur le territoire français.


C'est lui aussi qui traverse en pleine crise de folie ou de transe -selon qu'on le voit comme un fou ou comme une sorte de chamane proche des éléments de la nature -un tunnel et un chemin de fer, retrouvant tout à coup une montre gousset d'un homme sans doute déporté. Sinistre prémonition de ce qui les attendent à deux reprises.


A travers lui, c'est tout un peuple qui s'exprime, parfois juste dans un cri terrifiant, une complainte, une sourde souffrance face au joug de la "normalité" d'un État répressif.


Car en plus de ces répressions administratives, c'est le regard de tout un chacun qui est remis en cause ici.




La grande majorité des habitants se méfient de ces gens. Pas de domicile, pas de réels noms -si ce n'est sur les papiers qu'on leur impose-, pas d'instruction, des musiciens, "voleurs d'enfants", aux pouvoirs étranges, comme celui de faire pondre des poules grâce à quelques airs sur leur instrument. Superstitions, légendes, préjugés suscitent bientôt la haine y compris chez les "puissants" de la région, sous entendu plus éduqués et instruits qu'un simple petit fermier. C'est pourtant le grand propriétaire, l'ancien "ami", qui sera le premier à donner aux autorités la "vermine" comme il le dit, juste par intérêt économique. Il est vrai que l'argent a depuis bien longtemps fait faire de drôles d'alliances. Se retrouvent collaborateurs des gens qui, au départ, n'étaient pas convaincus par des discours totalitaires, extrémistes... Là aussi nos dites démocraties se sont plusieurs fois brillamment illustrées.


A travers ces regards d'autrefois, ce sont aussi nos propres regards sur ces populations qui sont remis en cause. Combien de fois chassées en cette fin de XXème et début XXIème, combien de fois entendrons-nous que nos impôts locaux servent à payer des camps offrants eaux courantes et caravanes à ces "gens-là"-dans la ville de Montreuil, par exemple-, combien de fois subiront-ils encore le regard haineux de certaines personnes parce qu'ils mendient ou jouent de la musique ( y compris moi parfois).


Grave retour en arrière, fantômes qui ressurgissent ou lente progression de l'être humain vers un idéal d'humanisme ou d'humanité? Le film ne le dit pas, et j'ai sans doute mis ici beaucoup de mes interrogations et observations personnelles.




Ce que dit le film, c'est sans doute une des dernières répliques de Taloche qui le résume bien. S'adressant aux siens à la fin du film sur le sort à réserver à l'orphelin:"il reste, c'est mon frère."C'est donc un bel hymne à la liberté et à la fraternité que nous offre ici Tony Gatlif.




Enfin espérons que ce film et les ouvrages parus autour du film permettront de ne plus mettre de côté les gitans, Roms ,Tsiganes et nous les feront voir d'un autre oeil.


Rien n'est plus terrible que l'aveuglement consolateur pour que certains dorment sur leurs deux oreilles ou pire le déni pur et simple de ce que subissent certains pour ne pas à avoir à remettre en question nos modes de fonctionnement.