mardi, février 01, 2011

jeu de paume/ André Kertesz


Une bien belle exposition que je me suis offerte aujourd'hui. A quelques jours de la fin, je me suis décidée à me rendre Place de la Concorde pour découvrir ce photographe. Excusés mon ignorance, je ne pense pas avoir vu une de ses photos avant aujourd'hui, ou alors j'ai oublié. J'ai une fâcheuse tendance à oublier les noms et les titres... C'est plus fort que moi.
Dés que je suis entrée dans la pièce où démarrait l'expo, j'ai été frappé par sa tendresse, son regard sur le monde entre contemplation et attachement. Avent tout, c'est un sentiment puis une pensée. L'oeil d'A.K se définirait ainsi pour moi.
Et puis, il y a la première guerre qui laisse des traces au corps et à l'âme. Loin du reportage de guerre, A.K se concentre sur ses compagnons, sur les soldats d'autres pays comme l'Albanie. Ce qu'il aimait c'était communiqué avec eux, via ces photos de groupe. Jamais, il ne regarde l'objectif, visage tourné vers un des soldats. Sympathiser,ne pas perdre son humanité, voilà sans doute le but ultime.
Et très vite les premières expériences: dés 1914,il prendra des photos de nuits, dés les années 20 il jouera avec les déformations produites par l'eau pour "Le Nageur" ou avec le reflet et le réel.
Lorsqu'il joue avec les distorsions sur ces corps de femme nue, on ne peut s'empêcher de penser au surréalisme et au cubisme de Picasso. Pour certaines distorsions, ce sont des figures mythologiques qui semblent naître sous nos yeux. Simples reflets dans deux miroirs déformants, c'est un monde imaginaire, irréel qui nous est ainsi dévoilé. A la fin de sa carrière, c'est avec le polaroïd qui nous laisse entrevoir son monde. L'absence de sa femme-morte en 1977- se distille tout au long de la série qui nous est présenté. Il est vrai qu'il est mieux d'être à deux...
De son passage à New-York, la solitude et sa passion pour les cheminées, faisant naître formes géométriques, coupant la monotonie du paysage urbain,sont les deux inspirations qu'aura retenu l'exposition. Bien sûr j'ai pensé à Marry Poppins. Même s'il est peu probable qu'un quelconque lien entre ces photographies et le film existent, mais que voulez-vous, je suis comme ça. Je ne peux pas faire taire la part d'enfant qui est en moi.
Quant à la solitude, le photographe soufra d'une période de dépression du fait de son exil, de la non compréhension des new-yorkais pour son travail, la barrière de la langue, un travail annihilant. "Le Nuage égaré" en est un bel exemple, de même que cet homme de dos, seul dans un square avec une nuée de pigeons derrière lui.
L'exposition se termine par un court extrait d'un documentaire réalisé sur M.Kertesz.
Après deux heurs, j'ai encore trouvé ce moment trop court mais précieux et enrichissant.
Ce fut une belle rencontre que j'aimerais pouvoir prolonger...