dimanche, novembre 13, 2011

10 mn pour un tableau (Dali, "Impressions d'Afrique)


Règle du jeu: un tableau ou plutôt une reproduction de tableau, un cahier et un crayon.
10 mn pour écrire quelque chose, une description ou même une histoire.


De suite, je reconnais Dali: quelque chose dans les couleurs employées, la forte présence du désert, comme dans un autre de ses tableaux (dont j'ai oublié le nom, c'est une habitude) qui montre notamment une horloge se diluer totalement, s'écouler comme le sable dans son sablier.

Au premier plan à gauche, le peintre peint, son chevalet lui masque le visage. A son regard comme envoûté, possédé, je l'identifie comme étant Dali, lui-même, à la fois auteur et personnage de son tableau.
Il tend la main vers nous, soit le spectateur est son modèle, soit il s'agit d'un appel lointain pour retrouver, se cramponner à un de ses souvenirs.
Seul son visage et sa main semblent être éclairés. Tout le reste se trouve dans l'ombre, l'oubli peut-être.
Sur lui, un tissu rouge, qui bizarrement me fait penser à la corrida. Il y a quelque chose violent de cette étoffe.
Derrière lui, un homme assis, recroquevillé sur lui même, la tête dans les genoux, désespéré, peut-être perdu dans ce désert.
Au fond, à droite dans les montagnes, un groupe d'hommes vêtus de blanc, une grande bâtisse, avec en surimpression un visage, celui d'une femme, sans doute la femme aimée. Ce visage est comme une photographie sur le reste de la peinture. Il est le seul réellement discernable.
Est ce que dans ce voyage toutes les pensées du peintre se tournaient vers elles?
Au fond à gauche un autre groupe: un guitariste, un homme debout sans visage ou du moins au visage effacé, à côté un homme à chapeau au torse gommé. Derrière eux des ombres noires dans une grotte.
Il s'agit du pouvoir du peintre sans doute: celui de créer, d'effacer ce qu'il fait, de repasser par dessus, de nous donner à voir sa propre réalité.
Plus que des souvenirs, une sorte de rêve, de cauchemar plutôt, tant le paysage semble rude, hostile à l'homme.