dimanche, novembre 25, 2012

Avoir confiance en Soi, en l'Autre et la vie... - Vidéo Dailymotion

Avoir confiance en Soi, en l'Autre et la vie... - Vidéo Dailymotion

ce qui me manque atrocement, ce que j'essaie d'atteindre, jour après jour... mais sans doute que je ne vide pas assez ma tête... que je ne sors pas assez les ordures, tout ce qui m'encombre pour profiter du moment présent...
à regarder sans modération pour des jours meilleurs, pour des nuits lumineuses, pour ne plus avoir froid ou peur, pour garder le sourire

vendredi, octobre 26, 2012

http://www.lejournaldepersonne.com/2012/10/lastre-des-astres/ Un peu de pub pour terminer la soirée. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce blog, je vous le recommande chaudement. Il s'agit du journal de personne, une bien belle personne qui parle un peu de toi, moi, nous. Peu importe qui elle est, l'important c'est que chacune, chacun d'entre nous puissions nous retrouver dans ses yeux, sa voix, ses paroles. Moi, elle me parle, comme personne! J'ai choisi ce texte... Et bien pour ceux qui me suivent depuis le début, vous le savez sans doute. J'ai eu mon astre désastreux moi aussi! Mon nouvel homme, mon nouvel astre semble s'attacher à moi, comme une planète et un satellite, comme la terre et la lune. La lune me va si bien que je veux bien continuer à tourner autour de lui, quitte à rester un peu dans son ombre. Mais, ne vous arrêtez pas à ce texte seulement. Tous ont de grandes qualités, tous ont de grands engagements. Alors, allez visiter le blog de Personne!

jeudi, octobre 25, 2012

autre vol, autre ambiance

Autre vol, autre compagnie, autres sièges, autres passagers beaucoup plus nombreux que ce matin (horaire très matinale oblige). Couleurs tristounes, uniformes des hôtesses exécrables; Prix défiants toute compétition, et pour cause. Les sièges sont inconfortables, pas de porte revue donc pas de revue, pas même celle qui te propose boissons, sandwichs et conneries à vendre à bord. Tu remarques (et comment faire autrement) les instructions de sécurité collées sur la tête du siège en face de toi... Difficile de passer au travers et surtout, elles vont t'accompagner durant tout le vol. Tu as un petit sourire en pensant que celles-ci te seront de toute façon d'aucune utilité, un peu lorsqu'on demande de garder son calme et de ne pas crier "au feu". Accepte ton triste sort... Il n'y a pas de musique d'ambiance, si ce n'est le bruit des casiers qui claquent et ceux de l'avion, tel un ronronnement rassurant. S'ajoutent à cela les paroles de l'hôtesse que personne n'écoute et les voix mêlées des passagers et de leurs enfants (aucun ne semble aller à l'école). En guise de déco, l'avion arbore fièrement des pub pour la région de Valence: clichés et goûts douteux sont au rendez-vous. Tu notes: soleil, plage, golf, paella et rires à gorges déployées qui sonnent faux...beurk! Vivement le décollage que tes yeux fatigués se ferment. Mais vas-tu pouvoir dormir d'un véritable sommeil avec eux? A croire que tous ont décidé de prendre des vacances en même temps que toi. Tiens, tu as été un peu trop vite toute à l'heure. Le catalogue des choses à vendre par la compagnie existe bel et bien, il est juste distribué par une jolie hôtesse. Les enfants s'impatientent et semblent vouloir faire la fête ou une révolution à leur manière. Oui, ta sieste est sérieusement compromise. En voix off, l'hôtesse essaye vainement de nous donner les sempiternelles instructions de sécurité. Le départ est proche, tu attaches ta ceinture et accroches ces quelques mots: "don't worry if". Comment lui dire, qu'à ce sujet, tu as le cynisme d'un Tyler Durden..? ça y est, tu te sens agressé par une enfant capricieuse, toi qui semblais si zen toute à l'heure, même toi t'y as cru! Marche arrière, enfin la piste de décollage! Vivement l'arrivée! Tu as hâte de voir ta famille, ta nièce en particulier; Le paysage devient de plus en plus petit. Des enfants poussent de grands "oh la" à chaque soubresaut de l'avion, se croyant sans doute dans une attraction. Ton premier pilote y avait été plus en douceur. La clim fonctionne bien. Bien mais trop. Tu t'attardes sur le paysage, les différentes couleurs, les dégradés d'ocre et ces routes sinueuses, ces éoliennes en marche. Tu aimes ce que tu vois. Tu aimes quand le ciel rencontre la terre, ne faisant presque plus qu'un avec elle. Tu aimes cette harmonie qui s'en dégage. Et pourtant, cette terre a été manipulée, transformée, agressée par des générations d'hommes. Cette harmonie existe pourtant, bien malgré nous. Incroyable! Tu as réussi à t'endormir! Tu te réveilles à moitié, ton cou te fais souffrir et toujours la voix des enfants. Celle de l'hôtesse, devenue commerciale pour de fausses cigarettes électroniques, te fait ouvrir les yeux, comme si tu avais été prisonnière d'un mauvais rêve. Tu n'es pas d'humeur à rire. Mauvais rêve, mauvais réveil. TU es maintenant au dessus de l'eau. Tu aperçois un bateau blanc dans l'immensité bleue. Il a l'air rapide, peut-être un de ces bateaux de croisière. Plus tard, un autre qui semble suivi par un V qui va en s'écartant. Tu l'identifies donc comme un chalutier armé de ses longs filets. Tu ne fais plus attention à la voix de l'hôtesse maintenant, qui continue à vendre. Mais quoi? L'arrivée vite, l'arrivée; tu t'impatientes sérieusement et ressembles de plus en plus à ces enfants capricieux; sauf que toi, tu ne peux pas pousser des hurlements stridents. L'arrivée vite, l'arrivée, le sol se rapproche petit à petit. Auto-congratulation de la compagnie qui une fois de plus, n'a aucun retard et est même en avance. De quoi faire sursauter un sourd. L'arrivée, enfin l'arrivée. Récupérer tes bagages, rallumer ton téléphone, repérer de loin ta nièce et son père...Personne, contacter ta soeur qui bosse. T'en profites pour appeler ton homme et ta mère: c'est bon tout s'est bien passé. Tu es bien vivante et bien arrivée à bon aéroport. Les voilà, enfin! Elle a encore grandie, belle comme un coeur dans sa petite robe d'été. La chaleur t'as surprise. C'est que là bas l'automne est bel et bien là. Encore un peu de voiture et tu retrouves ces paysages lunaires qui te calment tant, cette mer pourtant bien agitée mais qui t'appelle, la maison de ton père enfin. ça fait du bien de se sentir chez soi.

vendredi, octobre 19, 2012

escale

Quand tu atterris à Madrid, tout change. Le temps, le paysage, les gens. Le temps d'abord, du soleil. Et des nuages blancs cotons, aux allures d'immenses barbes à papa. Le paysage, ensuite, vallonné, des petites routes qui te mènent bien quelque part dans la campagne environnante. Et puis, tu aperçois quelques maisons et des piscines, pas mal de piscines. Ici, en Île de France, c'est voitures, voitures,périph,autoroutes et bâtiments de toute sorte. Mais près de Madrid, c'est déjà un ailleurs, c'est déjà du repos loin de la ville et la ville n'est qu'à quelques stations de métro, quelques km en voiture. Et puis, l'attente n'est plus l'attente. Tu te ballades dans l'aéroport. Tu regardes autour de toi. De temps en temps, tu jettes un oeil aux panneaux d'information. Tu t'attardes dans une librairie "Relay" où le rayon enfant est bien fourni, de belles histoires pour s'endormir, de pages et de pages de coloriage et de livres qui se font puzzle. Tu bois un café au lait pour moins de deux euros, un bon café au lait, pas celui d'une machine qui est en rupture de "lait", mais qui ne te l'annonce pas. Tu t'attardes un peu, là encore, malgré le bruit, parce que ça vit. Le bruit de la vaisselle qu'on débarrasse ou même celui de la machine à café n'est plus désagréable... Parce que autour de toi, tout vit. Les voyageurs bavardent, sont vifs; les serveurs blaguent avec certains ou entre eux. Les rires fusent et ils abordent un large sourire. Et puis, on ne t'appelle plus madame, mais mademoiselle et ça aussi ça change tout. Tu n'as plus l'impression que le temps passe à la vitesse d'un tgv et que tu ne t'es aperçu de rien. Non, on te remets à ta vraie place, celle dont tu ne pensais pas aboir bougé depuis dix ans...tout en ayant évolué (en bien, du moins tu l'espères, parce que tu as fait ce qu'il fallait pour). Ton horloge biologique s'est comme arrêtée...Zen, zen, tu as encore du temps pour tomber enceinte, mettre au monde tes enfants, les élever, vivre de tes passions. Ouf! Tu reprends ta déambulation. Tu vois pas mal de personnel de sécurité ou autre. Certains poussent même la chansonnette. Tiens, quelqu'un qui est heureux de son sort? de sa vie? de son travail? Les membres de la police ou de la guardia civil, parfois accompagnés d'un chien, déambulent eux aussi ou stationnent pour discuter entre eux. Étrangement, tu te sens en sécurité...Alors qu'en France, les agents de sûreté de la RATP, cow-boys stupides t'agacent, trop de flics ou pire des cars de CRS te font paniquer, même si ton casier est aussi vierge que Marie. Quant aux soldats lourdement armés dans les gares te font craindre qu'une guerre va surgir...Mais où? Quand? Comment? Mystère. A l'aéroport de Madrid, tu as l'impression que c'est un peu moins "Paranoland". Trop hs pour risquer de t'aventurer en ville (et qui sait te perdre?), tu prends une bouffée d'air. Oh, surprise! Tu peux laisser tomber ton blouson, tout le monde est en manche courte. Tu squattes enfin une chaise haute d'un des nombreux points restauration. Il y a assez de place, tout le monde s'en fout que tu l'ai prise, sans rien consommer. Ils ont assez de travail comme ça, pas besoin de jouer aux flics en plus. T'en profites pour écrire quelques lignes, en te promettant qu'au retour, t'iras senti cette ville, voir comment elle bouge, elle circule, elle vit intensément (tu l'espères) chaque minute. En fond sonore, dans ton ipod, Noir Dez, tu passeras plus tard à l'heure espagnole Bientôt, tu pourras aller à la porte d'embarquement et peut-être même, si tu en as envie, t'octroyer une petite sieste, dans un siège plus confortable, que celui que tu occupes actuellement. C'est que debout depuis 4h du mat t'as pas l'habitude. La France qui se lève tôt, qui soi-disant à entre ses mains le monde, l'avenir, n'a pas le droit de vote (ou si peu). Petite pensée pour eux et à l'homme de ménage ou technicien de surface que tu as vu dans un certain fast-food,pendant que le taxi t'emmenait à ton point de départ. Pour l'instant, à Madrid, tu ne t'impatientes plus, tu es bien, tu es même contente d'attendre. Et, tu remarques aussi que seul tes "compatriotes" ne comprennent rien à la signalétique, pourtant bien foutue et surtout plus cohérente que celle de Roissy (malgré les efforts fournis). A croire qu'ils aiment les complications...Complications qui les font tourner en rond, qui les enferment dans leur quotidien. Surtout, pas de changement! Du moins, pas de changement trop brutal, ils flipperaient trop autrement. Et puis soudain, tu es triste de penser qu'à Madrid et dans toute l'Espagne, c'est la merde, qu'il a fallu que le PP passe aux élections et que l'autre "face de merde" (comme dit ton père) entouré de ses acolytes, va encore faire tomber un peu plus ce pays, qui t'es si cher dans ton coeur. Alors, tu te mets à rêver à cette République, pour qui s'est battu ton grand-père. Et, tu imagines, tu imagines sa victoire, et à ce que ton pays serait devenu si la Révolution commencée à Barcelone, avait fonctionné et embrasé tout le reste du pays. Sûre que tu ne serais pas là pour le voir, puisque ta famille ne serait jamais partie en exil (te permettant à toi de naître). Mais qu'importe. Cela aurait fait un putain de beau pays avec un putain de beau drapeau et surtout des vraies valeurs à défendre et à faire vivre ici-même et partout en Europe, et partout dans le monde. Un monde de l'autogestion, de l'autosuffisance, un monde plus fraternel. Un beau rêve, une belle utopie qui reste réalisable. Fin du rêve, tu penses à ce que tu vas faire durant ces quinze jours, hormis profiter de ta petite famille et du soleil, et de la plage. Terminer ton histoire pour enfant et surtout, surtout entamer un "Comment nous pourrions vivre" bis ou 2 ou à l'heure du XXIème siècle. Là, tu parleras du squat, du service social qu'il peut être et qu'il pourrait être, avant pourquoi pas (quoique cette étape te semble bien fastidieuse) de l'élaborer en véritable projet à proposer à tous ces cons de politiques. Mais qui aura les couilles de le défendre, le mettre en place et surtout le sauvegarder? Qui? Tu as au moins ton interrogation finale, comme un défi à lancer...) Pour l'instant à Madrid
http://www.causes.com/causes/647287-stop-a-l-agonie-des-peuples-indigenes-d-amazonie/actions/1693926?causes_ref=email&recruiter_id=182895422&template=activity_invitation_mailer/activity_invitation&utm_campaign=action_invitation_email&utm_medium=email&utm_source=causes http://forca-coragem.org/les-indiens-guarani-kaiowa-menacent-de-se-suicider-sur-la-terre-de-leurs-ancetres/ Triste nouvelle, triste acharnement contre des peuples qui pourtant ont beaucoup à nous apprendre, à nous et notre progrès, notre envie de toujours plus... Croissance disent-ils, croissance, tout en sachant très bien que le mur approche. Mais ils ne pensent qu'à leur propre intérêt. Quant à leur famille, sûre qu'ils sont sûrs de pouvoir les mettre à l'abri dans un bunker ou sur une autre planète. Stupide comportement de celui qui a de l'argent, de celui qui se sent tout puissant et qui tente à imposer aux autres par la ruse ou par la force, par la peur et la propagande ses points de vue si myopes. J'espère que la mobilisation internationale des ong, des gens comme vous et moi, sans doute de certains partis politiques et syndicats permettra à ces indiens de continuer à vivre comme ils l'entendent; c'est à dire sur la terre de leur ancêtre, cette terre qu'ils vénèrent (bien plus que nous) et dans le respect de leurs coutumes et croyances. Il est temps à ceux qui ont encore la mentalité de colons de se taire et surtout pour une fois d'agir avec un peu plus d'intelligence que leurs prédécesseurs.

mardi, septembre 04, 2012

vendredi, août 31, 2012

le laurier

Sous le laurier, l'air est plus frais, le temps s'allonge, le vent vous calme. Sous le laurier, un salon fait de mobilier d'intérieur, récupéré ça et là au gré de nos trouvailles. Sous le laurier, quand les langues bien pendues ne font pas leur apparition, juste le bruit du vent, la marche des passants, la tranquillité, enfin. Sous le laurier, les idées s'éclaircissent, les nuages se dissipent, les mensonges laissent place aux vérités. Sous le laurier, tout retrouve son sens. Sous le laurier, bien à l'abri, le feuillage vous réconforte de ses douces senteurs. Sous le laurier, la beauté s'installe; seul, l'instant a de l'importance.

mardi, juillet 03, 2012

reportage/interview

Je vous recommande chaudement ce reportage. Loin de nos médias habituels, on ose ici nous rappeler qu'une arme reste une arme, y compris durant une guerre humanitaire. Une arme est de fait fabriquée, voulue pour faire des dégâts, blesser, tuer. Un reportage où l'on rappelle l'importance du mot "déontologie" et notamment dans le journalisme. Personnellement, grâce à ce type de travail, je retrouve un peu de confiance dans l'information... et d'espoir aussi. Petite explication: marre des lèches-culs, des lobbying de certaines industries, des "amis" de tel ou tel gouvernement, de ceux qui nous prennent pour des cons, de ceux qui ont la folie de la théorie du complot, qui relayent les théories fascistes sur des blogs ou dans des articles de pseudo-journalistes. ça fait beaucoup de monde... Vous ne trouvez pas? http://www.legrandecart.net/droit-dingerence-et-guerre-humanitaire-entretien-avec-anne-cecile-robert-le-monde-diplomatique/

Une chanson

http://www.youtube.com/watch?v=X4pEkxz8W8c De toute les chansons de ce grand auteur/interprète, c'est sans aucun doute celle-ci qui me donne le plus d'émotions. La faute d'un homme, Diego Rodriguez Gil, mon grand-père. Je vous renvoie à un vieil article écrit, il y a un an ou deux. Pour son engagement, son emprisonnement, son courage. La faute de ces mots qui font résonner ma mémoire: familiale mais aussi universelle. Car,combien de Diego? Combien de personnes emprisonnées,pour leurs idées? Combien de personnes emprisonnées, pour un mot de trop, un dessin? Sans oublier, toutes celles qui le furent parce que différentes,dans leur façon de vivre ou autre? J'aimerais un jour que cette chanson est moins de résonance en nous... ou plutôt qu'elle nous parle de temps tellement anciens, que nous serions incapables de comprendre un tel agissement, le pourquoi de telles paroles. En attendant que ce rêve devienne réalité, je vous souhaite une bonne écoute! (et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, ci dessous les paroles) Derrière des barreaux Pour quelques mots Qu'il pensait si fort Dehors il fait chaud Des milliers d'oiseaux S'envolent sans effort Quel est ce pays Où frappe la nuit La loi du plus fort ? Diego, libre dans sa tête Derrière sa fenêtre S'endort peut-etre... Et moi qui danse ma vie Qui chante et qui rit Je pense à lui Diego, libre dans sa tête Derrière sa fenêtre Déjà mort peut-être...

lundi, juin 04, 2012

La Charte du Monde Libre

La Charte du Monde Libre: Rendons tout gratuit et libre.



N'ayez pas peur de cliquer sur ce lien! Cette charte rejoint ma vision du monde... vision de beaucoup d'autres également!
Ne rêvez plus! Faîtes en sorte que cette belle utopie devienne réalité; il en va de notre avenir et devenir à tous

jeudi, mai 03, 2012

"My Week with Marilyn"

Tout commence dans une salle de cinéma. Tout se termine dans une salle de cinéma. Dans les deux cas, Marilyn chante et danse, belles performances de l'actrice Michelle Williams qui, pour l'occasion, a appris à chanter et danser, qui plus est, comme le faisait la star. Dans cette salle, un homme en particulier la regarde. Clinton, jeune homme de bonne famille. Rien ne le conduisait au départ à faire carrière dans le cinéma. Mais sa passion et surtout sa persévérance le conduisirent tout droit sur le tournage du film mythique: "Le Prince et la danseuse". Pour Marilyn c'est également son premier film en tant que productrice avec son associé Milton Green. L'enjeu pour elle est donc double: prouver qu'elle est une vraie actrice (pour cela, elle est accompagnée de Paula Strasberg, femme de Lee Strasberg, célèbre professeur et chantre de l'Actor's Studios de New York) et prouver qu'elle peut se passer des studios d'Hollywood. Sir Olivier le concèdera, il lui a fallu bien du courage pour en arriver là. BIen sûr, le film montre également les tensions du tournage: dépassements du budget, retards répétés de l'actrice,les autres acteurs (tous issus du théâtre) qui se transforment en langues de vipère (pour certains, les multiples prises lorsque Marilyn oublie son texte, les rushs. Il nous dévoile u peu de la magie du cinéma, une actrice sublime malgré tout parce qu'elle sait d'instinct apprivoiser les caméras et du même coup subjuguer les yeux des spectateurs (séquence où Elsie-Marilyn danse seule face à la caméra en est un bon exemple)... Un film dans le film comme un making off après coup, possible grâce aux nombreux témoignages existants. Making off où se révélerait le manque de confiance de la jeune femme. Ce même manque qui lui fait arriver avec des heures et des heures de retard sur les plateaux, jusqu'à oublier son texte; ce même manque qui transforme une séance de rushes comme un insoutenable cauchemar. Un making off, vu avec les yeux du jeune Collin, qui permet à la star de laisser place à la femme. A chaque apparition de la belle, la sublime, il y a comme un halo de lumière au dessus d'elle. Bien sûr, du fait qu'elle soit une star, mais surtout parce que Collin sait voir sa fragilité, une certaine innocence...Une femme enfant en somme. Du fait de son emploi (troisième assistant donc homme à tout faire), il se retrouve à une place privilégiée: confident de Laurence Olivier et de Marilyn, avec laquelle il aura une aventure; aventure qui lui laissera comme un goût amer, puisque la belle retournera sagement dans les bras de son mari Arthur Miller. Un mariage qui porte déjà bien avant les marques de la trahison: après l'avoir courageusement défendu puisque visé par "la chasse aux sorcières", celle-ci découvre aux détours des pages d'un cahier, que celui-ci regrette déjà son mariage avec elle. Un abandon de plus, un échec de plus pour elle qui ne semble pouvoir trouver ni sérénité ni bonheur. Et puis, il y a aussi de la magie en elle, comme lorsqu'elle fait d'un premier rdv, un jour totalement inoubliable, par ses rires, sa spontanéité, sa présence et sa façon de vouloir à tout prix que tout soit parfait... Et comme chacun d'entre nous, des zones d'ombre aussi apparaissent ici ou là. Ainsi, durant le tournage, mais aussi durant toute sa vie; il y a les personnes contre Marilyn ou avec elle (je préfère utiliser "avec" au lieu de "pour"). Pas de juste milieu, quand bien même il existe. Et même, si à la fin ses excuses désarmantes révèlent encore un peu plus la petite fille, elle peut parfois se montrer injuste y compris avec les personnes qui la soutiennent le plus. Ni le livre, ni le film ne cache son addiction bien connue aux pilules de toute sorte: celles pour la calmer, celles pour dormir, celles pour se réveiller.... Vous vous dites sans doute que je ne vous parle que de Marilyn... C'est qu'en fait, il est bien difficile de voir les autres. Dans ce film aussi, on ne voit qu'elle, la caméra l'aime et nous avec. Michelle Williams n'y incarne pas un personnage, une personne, elle l'est tout simplement. Elle ne joue pas, elle devient Marilyn, elle devient Norma Jean. Les autres acteurs font bien sûr un travail remarquable, mais là, je ne sais pas... C'est comme si quelque chose s'était passé entre ces deux femmes. Michelle comprend et entend Norma Jean, comprend et entend Marilyn. Je ne sais qu'ajouter pour exprimer mon admiration d'une actrice que je connais mal, mais qui selon moi est trop rare sur nos écrans de cinéma. Et je terminerai avec ceci, ce film nous dévoile autre chose sur les acteurs en général: leur générosité envers leur publis, leur travail, leur fragilité et leur peur bien sûr de perdre l'amour de ce public, de perdre l'amour tout court. A l'instar de Vivien Leigh et Laurence Olivier, il y a en eux aussi un manque de confiance en eux (bien sûr moins remarquable que chez Marilyn). L'âge et le fait d'obéir à des lois, des carcans presque devenus obsolètes, que sont ceux du théâtre anglais classique. Le fait de ne pas comprendre ce qu'exige le cinéma et les caméras (telle Dame Sibylle qui demande de l'aide à la star hollywoodienne, aussi pour rassurer cette dernière). sans doute pas le film de l'année, mais un bon film tel une page de vie, un doux souvenir que l'on aime à se remémorer de temps en temps, une fois la blessure passée du premier amour. Un film qui nous fait du bien, qui nous apprend à regarder un peu plus autour de nous, essayer de voir les gens tels qu'ils sont, les aider un peu quand cela est possible, les aimer surtout, les pardonner parfois... et puis surtout profiter de cette chance incroyable d'être en vie et bien vivant... ne plus simplement essayer de vivre voire survivre mais vivre, quand bien même cela reste difficile parfois.

mercredi, mai 02, 2012

fragments... "Comment nous pourrions vivre" de William Morris

Ces extraits sont issus d'une conférence datant de 1884, publiée en 1887. Force est de constater que ses idées restent d'actualité, tout comme notre société mortifère... Peu d'évolution entre le XXI et le XIXème siècle. J'espère que vous apprécierez cette lecture et sa vision. "Révolution: pour la plupart des gens ce mot dont nous autres, socialistes, sommes obligés de faire si fréquemment usage, a un écho terrifiant. L'on a beau expliquer qu'il n'est pas nécessairement synonyme de changement lié à l'insurrection ou à toute autre forme de violence, et qu'il ne signifie jamais un changement purement mécanique qu'imposerait à une opinion publique hostile un groupe d'individus ayant réussi d'une manière ou d'une autre à s'emparer du pouvoir exécutif à un moment donné..." (...) "La Peur et l'Espérance: tels sont les noms des deux grandes passions qui règnent sur le genre humain: les révolutionnaires n'ont pas d'autre matériau. Susciter l'espérance parmi la foule des opprimés et la peur chez les autres, la poignée d'oppresseurs, telle est notre mission. Il nous suffit d'ailleurs d'éveiller l'espoir de la majorité pour que les autres en aient forcément peur. Nous n'avons par ailleurs aucune envie de les épouvanter. Ce n'est pas une revanche que nous désirons pour les pauvres, c'est le bonheur. Comment en effet venger les millénaires de souffrances qui leur furent infligés? Il reste que parmi les oppresseurs des pauvres, bon nombre, disons même le plus grand nombre, n'ont pas conscience d'être des oppresseurs (nous verrons bientôt pourquoi). Ils mènent pour leur part une existence paisible et rangée, aux antipodes du comportement d'un esclavagiste romain ou d'un Legree. Ils savent qu'il existe des miséreux, sans que les souffrances de ces derniers les affectent de manière incisive ou spectaculaire. Ils ont eux-mêmes leurs tracas; aussi croient-ils sans doute que l'homme, par nature, n'échappe pas aux tracas. Et ils n'ont aucun moyen de comparer les difficultés de leur existence avec celles qu'affrontent les citoyens placés plus bas qu'eux dans l'échelle sociale. Et si jamais s'impose à leur esprit la pensée de ces lourds tracas, ils se consolent en reprenant la maxime bien connue qui veut que l'on s'habitue à tout, même au pire." (...) "ces oppresseurs inconscients, qui vivent à l'aise, estiment avoir tout à perdre du moindre changement qui irait au-delà d'une réforme, fût-elle la plus douce et la plus graduelle possible. Ensuite ces pauvres, que leur existence tourmentée et pénible ne prédispose guère à imaginer qu'un quelconque évènement puisse tourner à leur avantage, ne veulent pas prendre le risque de perdre une seule miette de leurs maigres biens en militant pour l'amélioration de leur sort. Vis-à-vis des riches nous ne pouvons guère que leur inspirer la peur; vis-à-vis des pauvres, nous avons bien du mal à susciter parmi eux l'espérance." (...) "Ne sommes-nous pas dans un système qui interdit pratiquement toute volonté de reconstruction?" (...) "Sachez tout d'abord que notre système social actuel est fondé sur un état de guerre perpétuelle. Y a-t-il quelqu'un parmi vous qui trouvera cela normal? On vous a souvent dit, je le sais, que la concurrence, de nos jours règle toute production, est une bonne chose, qui stimule le progrès de l'espèce. Mais ceux qui vous le disent, s'ils voulaient être honnêtes, devraient désigner la concurrence par son abréviation et parler de la guerre. Demandez-vous alors si la guerre ne stimule pas le progrès à la façon d'un taureau furieux qui vous poursuit dans votre jardin. Que signifie au mieux la guerre, ou la concurrence (appelez-la comme vous voudrez)? N'est-ce pas poursuivre son propre intérêt au détriment d'autrui, qui sera toujours perdant. L'on n'hésitera pas davantage, dans le cadre de cette poursuite, à détruire ses propres biens; sinon la bataille vous laissera plus mal en point qu'avant. Réalités que vous comprenez parfaitement dés lors qu'il s'agit de la guerre où l'on tue et où l'on se fait tuer, le type de guerre où les navires, par exemple, reçoivent comme instructions au départ de "couler, brûler, détruire". Mais il semble que vous soyez moins conscients du gaspillage de marchandises quand vous vous contenter de mener cette autre guerre qui s'appelle le commerce. Ce qui n'empêche pas, notez-le bien, le gaspillage d'avoir lieu tout pareil." (...) "Les hommes politiques, vous le savez bien, prennent soin de ne rien voir de ce qui peut survenir au-delà d'une période de six mois" (...) "Voici en tout cas ce qui se trame:le système actuel, facteur obligé de rivalités nationales, est en train de nous pousser à une aveugle empoignade pour les marchés sur la base d'une certaine égalité avec les autres nations, parce que nous avons perdu le contrôle que nous avions desdits marchés. Le mot "aveugle" n'est pas trop fort. Nous ne faisons rien pour empêcher cette folie des débouchés à conquérir de nous mener là où elle veut bien nous conduire, là où elle doit forcément nous conduire. L'heure est aujourd'hui à la rapine triomphante et à l'honneur bafoué. L'heure sera peut-être demain à la défaite complète et à l'honneur bafoué." (...) "Je veux simplement vous montrer où mène la guerre commerciale dés lors qu'elle touche les nations étrangères. Point n'est besoin d'être un génie pour voir qu'il ne peut s'ensuivre qu'un pur gâchis. Tel est le type de relations que nous avons aujourd'hui avec les nations étrangères: nous sommes prêts à les ruiner, si possible sans guerre, par la guerre si nécessaire. Sans parler de la scandaleuse exploitation, dans l'intervalle, des tribus sauvages et des peuples barbares auxquels nous imposons tout à la fois notre pacotille et notre hypocrisie à coups de canon." (...) "Et l'ensemble des nations civilisées formerait une vaste communauté, qui fixerait d'un commun accord la nature et le niveau de production et de distribution requis, et qui se répartirait les diverses productions en fonction des lieux les plus appropriés, soucieuse d'éviter avant tout le gaspillage. Songez aux bénéfices qu'en tireraient les nations, par rapport au gaspillage actuel, et songez à la richesse qu'apporterait au monde une telle révolution! Je ne vois pas quel être vivant en pâtirait. Je crois au contraire que tout le monde en bénéficierait. Alors, où est l'obstacle? D'ici peu, je vous le dirai. Auparavant passons de cette "concurrence" qui prévaut entre les nations à celle qui met aux prises "les organisateurs de la main-d'oeuvre": les grandes entreprises, les compagnies par actions, bref les capitalistes, et voyons comment la concurrence "stimule la production" des unes par rapport aux autres. Le fait est que la production s'en trouve stimulée; mais une production de quelle nature? La production d'un objet quelconque dont la vente dégagera un profit; autrement dit il s'agit d'une production de profits. Remarquons également la façon dont la guerre commerciale stimule cette production: sur un marché donné il existe une demande pour telle marchandise; il se trouve, disons, une centaine de fabricants spécialisés dans ce type de produits; chacun, désireux d'être le seul à profiter du marché, se bat bec et ongle pour en détenir la plus grande part possible; il en découle évidemment une surproduction du produit recherché et un engorgement du marché: la frénésie de fabrication retombe bientôt à plat. Ne jugez-vous pas que cela ressemble à la guerre ? Ne voyez-vous pas le gâchis qui s'y attache-gâchis de main-d'oeuvre, de savoir-faire, d'habileté, bref un gaspillage de vie? Vous m'objecterez peut-être que le prix des produits s'en trouve réduit. En un sens, c'est vrai: mais seulement en apparence, puisque le salaire du travailleur ordinaire a tendance à glisser au même rythme que les prix; et il faut voir ce que nous coûte cette baisse apparente des prix! A dire vrai, il faut qu'il y ait au moins deux victimes: le consommateur que l'on trompe, et le producteur véritable que l'on affame, au bénéfice du spéculateur qui, tirant parti à la fois du producteur et du consommateur, "fait son beurre". Je n'ai pas besoin d'entrer dans tous les détails des contrefaçons, car tout le monde connaît la part qu'elles ont dans ce type de commerce. Mais souvenez-vous qu'elles constituent un phénomène absolument inhérent à cette production du profit à partir de la marchandise qui occupe les soi-disant manufacturiers. Souvenez-vous aussi que, pris dans leur ensemble, les consommateurs sont totalement désarmés vis-à-vis des spéculateurs; avec les prix réduits, on leur impose les produits et, avec les produits, un mode de vie que détermine pour le consommateur cette stratégie énergique et agressive de prix bas. Car la malédiction de la guerre commerciale est si répandue que ses ravages n'épargnent aucun pays." (...) "L'indigène des mers du Sud n'a plus qu'à tout délaisser: l'art de sculpter les pirogues, son doux repos, ses danses pleines de grâce, pour devenir l'esclave d'un esclave: pantalon, pacotille, rhum, missionnaire et maladie mortelle-il doit avaler d'un seul coup la civilisation entière. Ni lui ni nous ne pouvons rien pour lui maintenant, tant que l'ordre social n'aura pas délogé la monstrueuse tyrannie de la spéculation qui a causé sa ruine." (...) Le fabricant, dans le feu de la guerre qu'il mène, a dû rassembler en un seul lieu une immense armée d'ouvriers; il les a entraînés jusqu'à ce qu'ils soient aptes à l'usage dans sa branche de production, c'est à dire jusqu'à ce qu'ils soient source de profit, avec pour résultat qu'ils ne seront bons qu'à cela et à rien d'autre; et quand la surproduction affecte le marché qu'il approvisionne, qu'arrive-t-il à cette armée dont chaque soldat dépend d'une demande régulière émanant dudit marché, et se conduit, sans qu'il en ait le choix, comme si la demande devait-être éternelle? Vous savez parfaitement ce qu'il arrive à ces hommes: on leur ferme la porte de l'usine au nez; il en va ainsi pour la majorité d'entre eux, et, à tout le moins, pour l'armée de réserve du travail qu'en temps d'expansion l'on met à la tâche avec une belle ardeur. Qu'advient-il de ces hommes? On ne le sait que trop ces temps-ci. Mais ce que nous ne savons pas, ou que nous choisissons d'ignorer, c'est le fait que cette armée de réserve du travail est une nécessité absolue de la guerre commerciale: si nos fabricants n'étaient pas en mesure d'enrôler ces pauvres diables et de les affecter à leurs machines quand la demande s'accroît, il y aurait d'autres industriels en France, en Allemagne, en Amérique pour intervenir et leur souffler le marché." (...) "Prenez seulement le temps d'imaginer un instant l'étendue du gaspillage lié à l'ouverture de nouveaux débouchés dans les contrées sauvages et barbares, qui représente sous sa forme extrême la pression exercée sur notre monde par le marché à profits: vous ne manquerez pas de vous rendre compte du monstrueux cauchemar que constitue ce marché. Il nous oblige à gagner notre vie ans la sueur et la terreur: nous voici incapables de lire un livre, d'examiner un tableau, de trouver un coin de campagne agréable où nous promener, de prendre tranquillement le soleil, de nous familiariser avec le savoir de notre époque. En un mot nous voici incapables de jouir d'aucun plaisir intellectuel ou animal. Et à quelle fin, tant de privations? Pour que nous soyons en mesure de mener la même vie d'esclave jusqu'à notre dernier souffle, afin de permettre aux riches de vivre, comme on dit, dans le bien-être et dans le luxe: c'est-à-dire de mener une vie si malsaine, si vide, si dénaturée qu'ils sont peut-être, tout compte fait, plus à plaindre encore que les ouvriers. Quant aux répercussions de toutes ces souffrances, l'on s'estimera particulièrement heureux s'il n'y en a aucune, et que l'on puisse dire des marchandises qu'elles n'ont fait de bien à personne. Car le plus souvent, il en est plus d'un qui en pâtit: ainsi avons-nous trimé, gémi, péri à fabriquer pour nos semblables ruine et poison." (...) "ouvrir à n'importe quel prix des débouchés extérieurs, et maintenir à l'intérieur une situation de privilège illimité faussement dénommée laissez-faire (faussement; parce que les classes privilégiées sont épaulées par la force de l'Exécutif pour contraindre les non-privilégiés à accepter leurs conditions; si c'est cela la "libre concurrence", les mots n'ont plus aucun sens). Voilà à quoi se réduit le rôle du gouvernement dans la seule conception qu'en ont nos capitaines d'industrie." (...) "De même que les nations sont conduites, dans le système actuel, à se disputer les marchés du globe, et que les compagnies ou les capitaines d'industrie doivent se disputer âprement toute part des profits tirés des marchés, de même les travailleurs sont obligés de rivaliser-pour leur gagne-pain; et c'est cette concurrence permanente, ou cette guerre, les dressant les uns contre les autres, qui permet aux profiteurs de réaliser leurs profits, et, grâce aux richesses qu'ils accumulent ainsi, d'accaparer la totalité du pouvoir exécutif de leur pays. Mais attention à la différence entre la situation des travailleurs et celle des profiteurs: pour ces derniers, les accapareurs, la guerre est une nécessité; il n'existe pas de profit sans concurrence, tant au niveau des personnes qu'à celui des firmes et des nations. Par contre, l'on peut gagner sa vie sans faire jouer la concurrence: l'on peut s'associer au lieu de rivaliser." (...) "J'ai dit que la guerre était le souffle vital des profiteurs; de même l'association est la vie des travailleurs." (...) "La condition actuelle des ouvriers faits d'eux la machinerie du commerce, ou en termes plus francs, ses esclaves. Qu'ils changent cette situation, qu'ils deviennent libres, et la classe des profiteurs cessera nécessairement d'exister. Quelle sera alors la situation des travailleurs? Même dans l'état actuel des choses, le seul élément indispensable de la société, l'élément virtuel, c'est eux. Les autres classes ne sont que des parasites qui vivent à leurs crochets. Et que deviendraient-ils être, que seront-ils, quand ils prendront, une fois pour toutes, la mesure de leur pouvoir réel, et qu'ils cesseront de rivaliser au niveau de leur gagne-pain? Ils seront la société, je vous l'assure; ils seront la communauté. Et à partir du moment où la société, c'est eux (pour autant qu'il n'existe plus de classe en dehors d'eux contre laquelle ils doivent se battre), ils sont en mesure de moduler leur travail selon leurs besoins réels." (...) "Quand les travailleurs seront la société, ils régleront leur travail: l'offre et la demande deviendront authentiques, au lieu d'être un jeu de hasard. Elles coïncideront, car la société qui émettra la demande sera aussi celle qui fournira l'offre. Disparaîtront alors les famines artificielles, et l'indigence au sein de la surproduction au milieu des réserves excessives d'objets propres à combler la pauvreté et à la changer en bien-être. En un mot, il n'y aura plus de gaspillage, et partant, plus de tyrannie." (...) "On dirait presque que le spectre de la recherche incessante de nourriture, qui était jadis le maître du sauvage, continue à hanter l'homme civilisé." (...) "Cesser de craindre nos semblables pour apprendre à leur faire confiance, nous débarrasser de la concurrence pour bâtir la coopération, voilà notre suprême obligation." (...) "La véritable question que pose la civilisation a toujours été celle-ci: quel usage réserver au surplus dégagé par le travail? Question à laquelle les hommes, poussés par le spectre dont je viens de parler, la peur de mourir de faim, et son acolyte, le désir de domination, ont toujours donné une bien mauvaise réponse, plus encore à notre époque peut-être, alors que le surplus dégagé par le travail a connu une croissance aussi prodigieuse que rapide. Pour l'homme, la réponse a toujours été de rivaliser avec son semblable pour s'approprier égoïstement des parts de ce surplus qui devraient normalement lui échapper. Et ceux qui se sont trouvés en position de force pour détrousser les autres ont eu recours à toutes sortes d'artifices pour maintenir ceux qu'ils avaient volés en état d'infériorité perpétuel." (...) "Voici la réponse: le travailleur aura la pleine jouissance de tout ce qu'il produit et n'en sera plus dépouillé. Or, souvenez-vous qu'il produit collectivement: il accomplira donc la quantité de travail qui lui sera demandée conformément à sa capacité, et, sur le produit de ce travail, il disposera d'autant qu'il nécessite; parce que, voyez-vous, il ne peut utiliser davantage que ce qu'il nécessite, sauf à le gaspiller. Si cette vision des choses vous semble trop idéaliste, comme la situation actuelle vous autorise à le penser, je l'étayerai d'un mot: lorsque les hommes s'organiseront de façon à éviter que leur travail n'aboutisse à un gaspillage, délivrés de la peur de mourir de faim et du désir de domination, ils auront le loisir et la liberté de réfléchir pour voir clairement ce dont ils ont vraiment besoin." (...) "Ma première revendication, c'est la santé. Et j'affirme que la population des pays civilisés, pour une proportion considérable, ne sait même pas à quoi cela correspond. Prendre plaisir au simple fait de vivre; jouir d'exercer ses membres et toutes ses facultés physiques; jouer, en quelque sorte, avec le soleil, le vent, la pluie; satisfaire dans la joie les appétits physiques ordinaires de l'animal humain sans avoir ni peur de s'avilir, ni conscience de mal faire: je réclame tout cela et davantage encore!" (...) "Un professeur renommé a dit que le pauvre souffrait toujours de la même et unique maladie: la faim. Je sais une chose, en tout cas: pour qui est accablé de travail, sa santé ne saurait correspondre à celle dont je vous parle; ni pour qui passe sa vie enchaîné à la morne routine d'une tâche mécanique qui ne varie jamais, et dont l'exécution n'éveille aucun espoir; ni pour qui, craignant pour sa subsistance, vit dans des affres incessantes et sordides; ni pour qui n'a point de logement convenable; ni pour qui est privé de tout accès à la beauté naturelle du monde; ni pour qui nulle distraction ne vient fouetter de temps en temps le moral. ce sont là autant de considérations touchant, plus ou moins directement à la condition physique de l'homme, qui découlent du droit de jouir d'une bonne santé, tel que je le revendique." (...) "En second lieu je revendique le droit à l'instruction. Ne me dites pas que les petits Anglais bénéficient tous de l'instruction. Le type d'éducation qu'on leur dispense ne saurait répondre à ma demande, même si j'admets bien volontiers qu'il représente déjà quelque chose. Quelque chose...et au bout du compte, malgré tout rien d'autre qu'une éducation de classe. Ce que je veux, c'est une instruction libérale me donnant la possibilité de prendre ma part de toutes les connaissances des temps modernes, selon ma capacité ou mon inclination, qu'elles soient d'ordre historique ou scientifique; ma part également du savoir-faire existant dans le monde tant dans le domaine des fabrications industrielles que dans celui des beaux-arts: la peinture, la sculpture, la musique, le théâtre ,etc. Je revendique le droit d'être initié, si j'en ai la capacité, à plusieurs métiers, que je pourrais exercer au bénéfice de la communauté. Peut-être y verrez-vous une exigence exorbitante; mais je suis persuadé qu'elle n'est pas démesurée si mes aptitudes spécifiques, et si nous ne voulons pas en être réduits au triste niveau de médiocrité qui est le nôtre aujourd'hui, à l'exception de ceux d'entre nous qui sont les plus forts et les plus résistants. Je sais en outre que ce droit à l'instruction implique la possibilité d'accéder à des services publics, sous formes de bibliothèques, d'écoles et autres établissements publics, qui ne puissent tomber sous le contrôle d'aucune personne privée, fût-ce la plus fortunée." (...) "Le droit à l'instruction implique également le droit à jouir de loisirs à profusion-chose que je revendique avec non moins de confiance. Quand nous nous serons en effet débarrassés de l'esclavage du profit, l'organisation du travail, éliminant tout gaspillage, exclura que l'on accable indûment quiconque en particulier, étant admis qu'il reviendra naturellement à chaque citoyen d'apporter son écot de travail clairement utile. (...) "S'agissant de ce loisir, autant je m'abstiendrai résolument d'en user pour porter préjudice à quiconque, autant je m'efforcerai d'en multiplier les bienfaits pour la communauté, par une pratique des arts ou l'exercice d'activités engageant mes mains et mon cerveau susceptibles de donner du plaisir à quantité de citoyens. En d'autres termes, une grande partie du travail le mieux fait sera pris sur le temps de loisir d'hommes délivrés de la hantise de la subsistance et désireux, comme le sont tous les hommes, voire tous les animaux, de mettre en valeur leurs talents spécifiques. Ce loisir me permettrait encore de suivre mes goûts et d'élargir, par le voyage, l'horizon de mon esprit, si tel était mon penchant." (...) "Mais afin que mon loisir ne dégénère pas en oisiveté ni en désœuvrement, il me faut à présent demander qu'il y ait oeuvre utile à faire. C'est à mes yeux l'exigence primordiale. Avec votre permission j'en dirai un mot ou deux. J'ai précisé que je profiterais sans doute de mon loisir pour effectuer une bonne proportion de ce qu'on appelle aujourd'hui le travail. Mais si je suis membre d'une communauté socialiste, j'ai clairement le devoir de prendre ma part légitime de travail le plus ardu; soit la part qui m'échoit de ce que ma capacité me permet d'accomplir; on ne me clouera jamais à un lit de Procuste; mais il n'est pas jusqu'à la part de travail nécessaire à l'existence de la vie sociale la plus simple qui ne doive, d'abord et avant tout, et quelle que soit par ailleurs sa nature, être du travail raisonnable; c'est à dire du travail dont un honnête citoyen voie la nécessité. En tant que membre de la communauté, je dois avoir accepté de l'accomplir." (...) "Si ledit travail nécessaire et raisonnable est d'ordre mécanique, je dois recevoir le secours d'une machine, non point pour abaisser le coût de mon travail, mais de façon à réduire au maximum le temps que j'y passerai; je serai libre de penser à autre chose pendant que je surveille la machine. Et s'il s'agit d'un labeur particulièrement ardu ou exténuant, vous m'accorderez sûrement que plusieurs personnes doivent me relayer; l'on ne doit pas s'attendre par exemple à ce que je passe ma journée de travail au fond d'un puits de mine. Je pense qu'un travail de ce type devrait s'effectuer largement sur la base du volontariat et, comme je l'ai dit, par roulement." (...) "Dernière exigence que je formule par rapport à mon travail: il conviendrait que les lieux où je travaille, les usines ou les ateliers, fussent attrayants, comme le sont les champs où s'accomplit notre travail le plus nécessaire. Croyez-moi: il n'est rien au monde qui puisse empêcher qu'il en soit ainsi, hormis le besoin d'extraire du profit de toute production. Autrement dit, si l'on abaisse le prix des marchandises, c'est au bouges surpeuplés, insalubres, immondes et bruyants. En somme, on abaisse les prix au détriment de l'existence du travailleur. Voilà pour mes exigences relatives à mon travail nécessaire, qui représente un tribut à la communauté. L'on découvrirait, je crois, à mesure que se développerait la capacité de tous à instaurer une société correctement organisée, qu'en obéissant à ces règles, la vie serait beaucoup moins chère qu'on ne saurait le concevoir à ce jour, et qu'au bout d'un certain temps les gens chercheraient plus vite du travail qu'ils ne le fuiraient, et que l'on gagnerait à faire de nos journées de travail des parties de plaisir regroupant hommes et femmes, jeunes et vieux, pour qui le travail serait source de joie, au lieu de cette lassitude grincheuse qui s'y attache de nos jours le plus souvent. Sonnerait alors l'heure de la renaissance de l'art, dont il a été tant question, et qui a tant tardé. Les gens ne pourraient s'empêcher de manifester leur plaisir et leur joie dans leur travail, et souhaiteraient les exprimer sous une forme tangible et plus ou moins durable: l'atelier redeviendrait une école d'art dont l'influence s'exercerait sur tous. L'art m'amène à ma dernière revendication: je demande que soit plaisant, beau et généreux le cadre matériel de ma vie. C'est une exigence de taille, je m'en rends compte. Je n'en dirai qu'une chose: si l'on ne peut y répondre, si les sociétés civilisées ne sont pas toutes en mesure de garantir à l'ensemble de leurs membres un environnement de cette qualité, je souhaite que le monde s'arrête! C'est un désastre que l'homme ait jamais existé! Pour moi, l'on n'insistera jamais assez là dessus. Viendra un temps, j'en suis certain, où l'on aura du mal à croire qu'une communauté aussi riche que la nôtre, maîtresse comme elle de la Nature, ait accepté de mener l'existence ignoble et repoussante qui est la nôtre. Je le répète: il n'est rien dans notre état, si ce n'est la chasse au profit, qui nous oblige à vivre ainsi. C'est le profit qui a attiré les hommes, par exemple, vers ces conglomérats énormes, impossibles à gérer, qu'on appelle des villes. C'est le profit qui les fait s'y entasser dans des constructions sans jardins ni espaces libres. C'est le profit qui refuse de prendre les précautions les plus ordinaires pour éviter d'envelopper un district entier dans un nuage de fumée sulfureuse. C'est lui qui transforme les beaux cours d'eau en égouts répugnants. C'est lui qui condamne tout le monde, hormis les riches, à vivre, au mieux, dans des maisons encombrées, dans des bâtisses d'une innommable désolation." (...) "Quand ils auront cessé d'être des esclaves, ils exigeront tout naturellement que tout homme, toute famille, dispose de logements généreux; que tout enfant ait la possibilité de jouer dans un jardin proche de domicile de ses parents; que toute demeure, emblème de l'ordre et de la propreté, soit un ornement pour la Nature, au lieu de la défigurer. Car il n'est pas douteux que l'ordre et la propreté en question, portés au niveau requis, frayeraient la voie à la beauté architecturale. Tout ceci, bien entendu, voudrait dire que le peuple (c'est à dire la société entière) fût correctement organisé et qu'il détînt les moyens de production, qui ne seraient la propriété d'aucun particulier, mais dont tout le monde se servirait en tant que de besoin." (...) "Seul, en effet, un mode de vie et de pensée collectif saurait nourrir les aspirations aptes à susciter sa beauté, et jouir du savoir-faire et du loisir nécessaires à leur matérialisation." (...) "Là où l'on porte essentiellement atteinte de nos jours à la beauté de la vie, c'est quand on permet aux machines d'être nos maîtresses, au lieu qu'elles doivent nous servir. Autrement dit, c'est la preuve du crime abominable où nous avons sombré, quand nous utilisons notre maîtrise des forces de la Nature pour asservir les hommes. En attendant, nous sommes moins pressés de mesurer tout le bonheur que nous volons à leur vie." (...) "Nous sommes les esclaves de monstre que nous avons créés. Et j'espère bien que dans une société qui a pour but, non pas de multiplier la main-d'oeuvre, comme c'est le cas aujourd'hui, mais de vivre agréablement, comme ce serait le cas dans une société correctement organisée, j'espère bien, dis-je, que la complication même des machines aboutira à une simplification de la vie, donc à une place plus limitée pour les machines." (...) "Je m'en tiendrai là en ce qui concerne les droits que je revendique encore d'une vie décente. Je les résume brièvement: premièrement, un corps sain; deuxièmement, un esprit actif, ouvert au passé, au présent, au futur; troisièmement, un travail approprié à un corps sain et à un esprit actif; et quatrièmement, le droit de vivre dans un monde de beauté." (...) "S'il s'avère encore (comme beaucoup le pensent) que la civilisation voue à l'échec l'espoir de parvenir à ces conditions de vie, alors la civilisation interdit à l'homme d'être humain. Étouffons donc toute aspiration au progrès et jusqu'à tout sentiment de bonne volonté et d'affection mutuelles entre les hommes! Et que chacun de nous attrape ce qu'il peut du tas de richesses que créent les imbéciles pour que s'engraissent les coquins. Mieux: trouvons au plus vite le moyen de mourir comme des hommes, puisqu'il nous est interdit de vivre comme des hommes." (...) "Voilà ce qu'il nous faut apprendre au peuple, après nous en être convaincus nous-mêmes. Il s'agit d'une lourde tâche, d'une oeuvre de longue haleine."

dimanche, avril 08, 2012

Plus d'armes pour des atrocités : agissez maintenant | Amnesty International France

Plus d'armes pour des atrocités : agissez maintenant | Amnesty International France


La France est le 4ème pays au monde, concernant la vente d'armes. Beaux profits en perspective pour certaines entreprises aidées par l'Etat pour placer leur produit. Mais que dire des mines qui ont fait et font encore tant de dégâts, des nouvelles armes contre internet qui aident les dictatures, les civils pris pour cibles, les armes vendues aux deux camps lorsqu'un conflit éclate.... Nous sommes responsables de l'armement des terroristes, des enfants soldats, des exactions, des viols....
Parce que beaucoup d'entre nous veulent un meilleur avenir pour nos enfants, il est temps de contrôler plus attentivement le commerce des armes, avant de le diminuer. Comment justifier les budgets à l'arment, lorsque ceux donnés à la culture, l'éducation, l'aide aux plus démunis baissent dangereusement?
N'attendez plus, signez cette pétition! C'est déjà un premier acte pour condamner nos politiques, mais aussi pour se montrer solidaires avec toutes les populations prises pour cibles actuellement.

mercredi, mars 21, 2012

Indignados de Tony Gatlif


Avant tout, il s'agit de suivre les pas ou plutôt la course de Betty, sans papier, immigrée africaine, mais est-ce important de connaître son origine? A travers son périple en Europe, on découvre avec elle la révolution tunisienne, les indignés de France, Grèce et d'Espagne. Ses yeux sont nos guides, ainsi que certains passages du livre de Stéphane Hessel, "Indignez-vous", tel un fil d'Ariane.

D'abord une plage ensoleillée, quelque part. Pas de rires d'enfant, de plan sur l'horizon où ciel et terre se confondent. A la place, le bruit des vagues et des gros plans sur des chaussures qui s'échouent, loin de leur propriétaire, jamais de paires. Danger du périple et de la mer,la mort frappe avant l'arrivée. Des eaux surgit enfin une survivante, Betty, forte et fragile à la fois, courageuse et d'une certaine manière dans l'obligation de réussir son périple; tout son village compte sur elle et croit en elle.
Champs de blé où elle se repose quelques instant. Dans ce film, ce champs est synonyme d'apaisement, de joie, de liberté.
Voyage en train sans horizon, à la place gros plan sur le visage de notre héroïne anonyme, à travers la vitre du wagon, elle paraît déjà en cage. Arrêt dans une ville sans nom, dernière station pour bon nombre d'immigrés qui stagnent ici, squattant de vieux wagons abandonnés et rouillés. Plusieurs inserts se concentrent sur les maigres biens amassés ici: vieux matelas, casseroles,couvertures... Puis du fil barbelés, empêchant l'entrée dans un port, étape nécessaire pour continuer la route.
Nous apprenons alors que nous sommes en Grèce.
Première arrestation,à la faveur d'une courte halte devant la porte d'une association humanitaire, fermée faute de personnel ou bénévole à l'accueil.
Ce qui m'a choqué, c'est que ces deux flics sont en civils sans brassards, juste cette question "tes papiers"... Tutoiement de rigueur pour ceux qui sont traités plus durement que des animaux domestiques. Pas de traducteur, empreintes prises dés l'arrivée au poste. Elle a droit par contre à un appel avant la prison/centre de rétention. Dans cette autre forme d'enfermement, Gatlif en profite pour filmer le visage d'autres immigrés. Tous ont le même regard, celui de la désillusion.
Puis vient le départ, l'obtention d'un papier (pas très utile pour tous ces hommes et ces femmes).
Une canette roule sur des pavés (Betty boit toujours des canettes de soda). Il est facile de reconnaître Paris, ville humide et grise, pas un chat dans les rues, si ce n'est les exclus. Gatlif nous les présente à sa manière: matelas, tentes, coins de rue ou d'une fontaine, tous vidés de ces habitants, simplement un prénom ou un surnom et un âge. Parmi ces personnes que beaucoup regarde avec indifférence ou ne regarde plus: des immigrés, des femmes, des enfants, des hommes qui ont échoués là depuis des années. Betty connaîtra ce même sort. Elle s'enthousiasme pourtant pour la révolution en Tunisie ou les Indignés de la Bastille qu'elle observe de loin. Et comment pourrait-elle faire autrement, en étant traquée?
Seconde arrestation, tutoiement d'une flic qui s'impatiente de ne pas obtenir de réponse. Elle reste froide face à cette jeune femme. Cette fois, il y a la présence d'une traductrice. Un gros plan sur son visage montre la difficulté de son emploi et qu'elle n'a pas encore perdu tout signe d'humanité.
Retour en Grèce où le peuple manifeste contre les mesures d'austérité. Là aussi, Betty ne sera que spectatrice. Vendeuse de bouteille d'eau, elle retrouve l'espoir au détour d'une rencontre et c'est le second départ via un ferry, cachée sous un camion...Au risque de sa vie donc.
L'Espagne enfin. Un cours d'eau, un pré, un autre passage de calme et de sérénité pour cette jeune femme. Elle reprend sa marche et rejoint enfin les indignés espagnols. D'autres rencontres, pendant de brefs instants, il est question de partage et de solidarité. Pendant de brefs instants aussi, Betty n'est plus seule.
Après la dissolution du rassemblement par les autorités, elle sera de nouveau seule dans une ville fantôme. Des immeubles entiers n'ont jamais été habités, des locaux commerciaux n'ont jamais fonctionné. Une prison à ciel ouvert en somme.
Ultime dénonciation dans ce film des projets immobiliers qui continuent de foisonner, malgré la crise ou mis à mal à cause de la crise et des lendemains qui déchantent.
Un film magnifique où la dure réalité se teinte parfois d'espoir et d'enthousiasme, de poésie surtout propre à Gatlif. Poésie de ce champ de blé, de ces papiers multicolores qui recouvrent ce qui reste d'un immeuble, de la musique et de ce passage comme déconnecté du reste où une jeune femme danse le flamenco, jolie métaphore des oranges "cavalant" dans des rues en pentes pour prendre une barque ou tomber à l'eau, lors de la révolution tunisienne. Métaphore rappelant une nouvelle fois le sort des immigrés s'échouant sur des plages ou des îles européennes, notamment les jeunes tunisiens tentant de gagner l'Europe via Lampedusa.
Un film à voir de toute urgence pour peut-être s'indigner enfin, s'indigner encore et rejoindre les mouvements un peu partout en France, dont les masses média ne parlent jamais (ou presque).
Un film qui encourage à plus de fraternité et qui nous dit de ne pas baisser les bras à l'instar de Betty qui sans cesse répète "ça ira, ça ira" (mots qui pourraient rappeler une certaine chanson révolutionnaire...)

mercredi, mars 07, 2012

"Fatma"



Le théâtre Berthelot, à Montreuil, a eu la bonne initiative d'inviter, à l'occasion de la journée de la femme, et ce pour deux jours consécutifs et trois représentations gratuites, l'équipe de "Fatma". Sur un texte magnifique de M'Hamed Benguettaf, l'actrice Diariétou Keïta incarne avec talent et brio Fatma, femme de ménage à la mairie et au ministère. Une fois par mois, Fatma retrouve un peu de liberté sur la terrasse d'un immeuble, où elle fait sa lessive. Cette terrasse, c'est son refuge, son isoloir, son défouloir. Là, elle se souvient, elle parle, elle prend du temps, elle rit des autres y compris de ses supérieurs hiérarchiques. Et le public rit avec elle. Il y a des phrases qui sont restées dans mon esprit (sans doute un peu déformées), trois surtout: "hurler pour sauver mon âme", "je lui aurai raconté l'histoire de ces ancêtres, cavaliers qui combattaient l'obscurité avec leur plume de savoir", "regarder loin jusqu'où la mer embrasse le ciel".
Beaucoup de dérision dans cette pièce, pourtant il y aurait de quoi se plaindre, de quoi pleurer, de quoi jouer les victimes. Mais Fatma, n'est pas de ces gens là. Elle accepte sa destinée tout en posant un regard lucide sur le monde qui l'entoure et sur sa place dans ce monde. Une place infime, parce qu'elle est femme et parce qu'elle est femme de ménage. Ainsi, elle ressent doublement les humiliations quotidiennes des "Mme de" ou se pensant comme telle, du petit personnel surtout jouant les petits chefs (le chauffeur, l'employé du ministère). A travers des anecdotes truculentes, elle nous évoque également la femme répudiée devenue folle et qui prend les attributs de son mari policier (sifflet, carnet de contraventions) pour peut-être exister, la fille reniée à la puberté et vite mariée. Non, nous ne pleurons pas mais nous comprenons la violence que ces femmes subissent, le pouvoir de certains hommes et du gouvernement... inégalités qui passent les frontières et les religions. Ainsi, les frères de Fatma ont honte d'elle, du fait de son métier, celle-ci ironiquement évoque sa maigre fiche de paie, humiliation de son supérieur (odeur) et mise à pied du fait sans doute de son insolence (elle ose répondre). Fatma veut plus de justice, moins d'humiliations, sans doute voudrait-elle rencontrer cette "démocratie", nouvelle mode dans son pays mais qu'elle ne connaît toujours pas. Elle réclame qu'on lui donne plus d'esprit. Pourtant, elle a su garder sa liberté. Elle courbe l'échine mais son esprit n'est pas atteint. Son métier lui a permit sans doute d'échapper à une sorte d’embrigadement. Son éducation également, puisqu'en effet elle a pu poursuivre des études jusqu'à la disparition de son père. En effet, elle est beaucoup plus libre que ces militantes qui lui rendent visites et qui servent chacune le discours d'un obscur président, d'un homme donc. Dans l'ordre, se suivent chez elle la militante progressiste, la militante musulmane et pratiquante, enfin la patriote progressiste, drôle malgré elle.
Durant la pièce, la comédienne nous offre également de beaux moments de tendresse. En effet, Fatma évoque pour nous son oncle ainsi que son père: tous deux généreux et ayant une haute opinion des femmes. Elle évoque également son amour de jeunesse et l'enfant qu'elle aurait voulu avoir, une fille, comme le prolongement d'elle même.
Une petite fille qui aurait connu des contes et les histoires de ces ancêtres: cavaliers et femmes combattantes maniant le sabre. Une fille à qui elle aurait donné tout son amour, ses valeurs. On s'envole avec elle, on voit cet amour mère fille, on entend ses histoires qui aident à endormir, à rêver (elle qui aimerait tant rêver)et ses berceuses si douces.
On s'envole également lorsqu'elle s'évade tel un oiseau du haut de sa terrasse jusqu'à l'horizon. (Heureusement, il n'y a pas de gratte-ciel pour lui boucher la vue.)
Dernière berceuse, la lumière s'éteint petit à petit. Seuls pétillent encore les yeux de l'artiste. A l'image de Fatma, elle porte seule ce texte, durant un peu plus d'une heure, qui passe désespérément trop vite. Elle nous donne tant d'amour, de bonheur que l'on reste sur notre faim. Nous quittons avec peine la salle, revenant petit à petit à la réalité de notre pays bien froid, manquant de chaleur et de rires, manquant d'égalités et de justice sous ses airs de démocratie.
Sa voix nous accompagne encore le temps de rejoindre les transports... et le lendemain, des interrogations, des sourires, une tendresse pour toutes ces "Fatma", femmes de ménage ou pas, ces êtres qui subissent, courbent le dos mais gardent la tête haute.
Un spectacle à montrer dans les collèges, centres de loisirs, bibliothèques, associations, etc à voir en famille
Un texte à lire et étudier...
Une magnifique pépite offerte aux montreuillois et aux voisins de cette commune du 93

vendredi, février 24, 2012

Indignados Bande Annonce (2012)




Furieuse envie de renouer avec les salles obscures via ce film.
Hâte de découvrir le nouvel opus de Tony Gatlif, toujours aussi engagé.
Une belle façon de couvrir à la fois le mouvement des Indignés espagnols (comme la presse les appelle) et de suivre cette jeune femme sans-papier, façon aussi de dénoncer ces politiques qui leur font la chasse.
J'aime également sa façon de filmer ses acteurs (parfois, même souvent non professionnels). Il les aime profondément, comme il aime profondément ses personnages et ses semblables en général.
Heureusement que le mois de mars arrive bientôt!

jeudi, février 09, 2012

autour d'une pièce....











Constat décevant: je suis passée durant des années devant ce théâtre sans le voir, malgré les flèches de direction.
Dans cette petite rue, un peu en retrait de la vie grouillante, de la circulation surtout, il ne se remarque qu'à peine. Fort heureusement, les néons lumineux attirent l'œil et m'ont stoppée dans ma course effrénée. Tel le lapin blanc d'Alice, j'avais peur d'être en retard, impression fondée du fait des pannes de signalisations dans le métro (la seconde du jour pour moi).
Dans le théâtre de Lars Norén et de Krystian Lupa, pas de chat énigmatique, de chapelier fou ou de reine coupeuse de têtes. Aucun monde parallèle (quoique) encore moins de monde imaginaire. Il s'agit d'un monde bien réel, trop réel peut-être pour certains spectateurs. Un monde violent, cruel, où le temps semble s'être arrêté; alors qu'autour, il passe rapidement, trop rapidement même.
Parking en sous-sol désaffecté, hall d'une gare fermée, squat dans une ancienne usine ou une maison qui tombe en ruine? Rien ne nous permet de le dire, une suggestion rien d'autre. Par contre, il est clair pour moi que nous débarquons dans une ville assez grande, pas une petite ville de province ou de banlieue chic (ils se seraient sans doute déjà fait expulsés). Cela ne nous change pas trop de Paris, finalement. Impossible également d'être dans une zone industriel, l'un des personnages mentionne un café pas loin et certaines de ces jeunes femmes font le trottoir. De plus, pour trouver de quoi se nourrir et faire de la récupération en tout genre (vêtements, vieux meubles), une ville me semble indispensable.
Dans cet endroit, des inscriptions sur les murs ont été graffées, les occupants s'expriment. On y parle d'anarchie, d'utopie, d'un monde libre et le célèbre NTM (du moins pour un public français) prend une toute autre signification, ici « nettoie ta mobylette ». les habitants possèdent donc encore le sens de l'humour malgré leur sombre univers.
Qui sont ces habitants? Une petite quinzaine vivent ici. Nous n'avons aucune indication sur leur âge. Par contre, le fait qu'ils soient interprétés par des jeunes acteurs, nous sommes amenés à penser qu'ils ont entre 20 et 27 ans. Or, la (ou le) SDF, ancien cadre dirigeant a logiquement passé la trentaine, de même, le fils d'ouvrier, également père d'un petit garçon doit être lui aussi très proche de la trentaine.
Étrangement, je n'ai retenu aucun prénom. Il faut préciser aussi que chaque acteur incarne selon moi une figure. Ainsi, nous découvrons dans le désordre: trois couples de junkie (le premier selon moi incarnant une redite du couple shakespearien Roméo et Juliette), le fils d'ouvrier ou « l'humaniste » (sans doute fut-il très politisé), l'obsédé exhibitionniste, « Jésus », la poète ou la petite fille en rouge, la (ou le) SDF ancien cadre dirigeant, un timide fétichiste des pieds ou plutôt des chaussures pour femme, un séropositif homosexuel, trois prostituées mères de famille (si l'on compte celles du second et troisième couple), un polonais vendeur à la sauvette, une réalisatrice improvisée de film X (qui revient ensuite au sein du troisième couple). Certains sont plus inconsistants. Ils ne bénéficient pas du même temps ni sur scène ni lors des monologues sur écrans.
Un petit mot sur ces écrans. Au début, les deux écrans retransmettent chacun un monologue d'un des personnages (par exemple, le fils d'ouvrier en même temps que la fille en rouge). Cela m'a un peu gênée. J'aurais souhaité pouvoir suivre l'un et l'autre des personnages, apprendre à les connaître un peu plus, les apprécier un peu plus. Je sais que chacun avait des choses intéressantes à dire, des choses qui permettaient de les déchiffrer. Certes, cela aurait sans doute été trop rapide dans l'évolution de la pièce. Mais ces paroles incomprises car inaudibles sont autant de frustrations, surtout que j'adore écouter. Et ce d'autant plus que ces paroles sont des moments volés et offerts dans le même temps, ils nous livrent leur pensée et donc quelque part aussi ce qu'ils sont.
Tous ont reçu de terribles blessures qui ne cicatriseront certainement jamais. Certains les traînent depuis l'enfance. Ils sont des êtres en souffrance, je les appelle les anges blessés. Ils sont dans une incapacité totale de tourner la page, d'avancer, de continuer à faire comme si de rien. La souffrance est trop grande. Ils sont tout autour de nous, parfois sont difficilement décelables, font parfois partie de notre famille. A la fin de la représentation, lorsque la musique retentit et qu'ils s'approchent de nous, s'assoient en face de nous, je dois avouer que j'ai eu envie de me lever et les prendre dans mes bras un par un. Ce pour deux raisons: réconforter les êtres blessés d'abord et sans doute remercier ces jeunes acteurs pour leur travail. J'ai vu et j'ai cru en l'existence de ces figures. J'ai également repensé à des personnes croisées durant ma vie voire que je connais assez bien.
Malgré tout, je ne vais ici ajouter quelques lignes sur ceux qui m'ont le plus émue.

« Roméo et Juliette »: Je les compare aux héros de Shakespeare parce qu'ils sont jeunes, beaux, fous d'amour (surtout elle) mais que leur amour est destructeur (surtout pour elle). Les deux se sont enfuis loin de leurs parents , ce que voulais faire les précédents avant leur mort : lui parce qu'il se faisait battre par son père, elle parce qu'à douze ans elle ne se voyait déjà pas vivre sans lui.
La destruction vient évidemment de l'héroïne qu'ils consomment tout deux. Pour elle, il faut ajouter le fait qu'elle se prostitue pour se procurer de la drogue et qu'elle reçoit aussi les coups de son amant. En cela, il se retrouve simplement et tragiquement dans une situation de répétition. Dans toutes les histoires de famille, cela se résume à cela: non-dits, manque de communication, répétitions d'actes ou de dires qui abîment et ce bien malgré la volonté de la personne en cause.
En somme, il l'a entraînée dans sa chute. Il y a une autre répétition: il se fait toujours battre, cette fois par l'exhibitionniste. Il est toujours un petit garçon, la seule chose qui change, c'est qu'il n'a pas l'air de sentir toujours les coups, du fait de son état. Il est toujours une victime; ainsi elle seule, évoque la cure, se soigner. Elle voit également la mort comme une délivrance. En somme, malgré sa chute, c'est elle qui le porte (lui et leur amour), un peu comme une mère. J'imagine que peu aurait survécu à toutes les épreuves qu'elle a du traverser.
Leur histoire, « plus forte que tout » (c'est elle qui le dit) m'a également remémoré le film « Jeux d'enfants » avec Guillaume Canet et Marion Cotillard. Rester ensemble coûte que coûte, sceller ce pacte quand bien même les choses vont mal.

La petite fille en rouge: De par ses vêtements, un rien rétro, je lui imagine aisément une autre vie durant les années 40. De même, je la vois telle une poupée de porcelaine, une enfant sage comme une image, si fragile dans son manteau et béret rouge. Évidemment, on ne peut que la remarquer, même si parfois elle semble frôler les murs, notamment lorsqu'un homme s'approche de trop près.
Son manteau et le fait qu'elle fait de nombreuses allusions aux camps de concentration, notamment lorsqu'elle parle de l'hôpital psychiatrique, pour elle les deux sont similaires, j'ai également repensé à la petite fille en rouge du film de Spielberg, « La liste de Schindler ». Après tout, peut-être qu'elle aurait aussi sombrer dans la folie, si elle avait pu échapper à la mort dans les camps.
La jeune poète qui s'était réfugié dans l'écriture mais aussi la folie, cache un lourd secret. On le comprend aisément lorsqu'elle parle de sa rencontre idéale, une rencontre où personne ne se touche ou qu'elle dit ne vouloir aucun homme ni même son père, qu'elle les déteste. Je pense qu'elle a été victime d'inceste, sans doute pour cela qu'il se débarrasse d'elle en l'internant, de même qu'aujourd'hui il souhaiterait l'aider. Quand on comprend ce qu'elle a subit, il est plus facile de donner un sens à sa question sur l'aide justement. Quelle aide et est-ce-que cette aide va l'aider? Comment cela pourrait-il être possible, surtout que c'est son agresseur, son bourreau qui lui propose. Bien sûr, elle ne prononce jamais ce mot terrible, tabou. Elle est toute en nuance dans ses mots, mais refuse catégoriquement toute relation physique avec le sexe opposé. L'unique fois où elle touche ou plutôt effleure quelqu'un de la main, c'est quand elle s'avance vers un garçon à terre, en train de dormir après une trop longue soirée. Et ce pour une raison simple, il ne peut pas lui faire de mal vu son état. J'imagine qu'elle agirait de même s'il s'était agi d'un animal blessé.
Elle porte un masque qui se craquèle à plusieurs reprises: mettre ou pas du rouge à lèvre, sa main qui effleure à plusieurs reprises son visage, comme si elle craignait que la vérité saute au visage justement des autres. Elle tient ainsi à se protéger. Si elle en a finit avec les poèmes, c'est sans doute qu'elle en disait trop, qu'elle risquait en un vers de révéler l'inavouable. Pourtant, elle sait jouer avec son corps, à moins que ce ne soit des moments où elle cède à la folie. En effet, elle apporte un poster qu'elle accroche sur l'un des murs, la représentant nue, la photo a d'ailleurs été prise devant le même mur. Elle superpose donc une image d'elle-même, un instant passé au présent plus incertain. Je suppose que cette photo fut prise au même moment que cette fête, où tous sont réunis, où tous ont fini par se dénuder. Elle également, jusqu'au moment où elle reprend le contrôle. Dans toute la pièce, pour elle, il s'agit de ça, se contrôler à tout prix, ne pas montrer sa différence, être la plus normale possible. Il est clair qu'elle ne souhaite pas retournée dans cet asile, dont elle s'est échappée. Or, plus elle s'emprisonne elle-même dans ce tout contrôlable, plus sa folie est présente, comme un cercle vicieux. Elle est de loin la plus attachante de ces personnages. On ne peut que vouloir aider cette femme si enfant, si perdue dans ce monde violent d'adultes. Elle m'a bien sûr renvoyé à une autre pièce de théâtre, « Le Musée des fous ». Elle m'évoque deux des personnages: une jeune femme très élégante qui assure malgré son hystérie, être parfaitement normale et ce jeune homme schizophrène qui s'enfuit avant l'ouverture du musée, histoire de retrouver sa liberté.
Le petit Chaperon rouge a rencontré le grand méchant loup, pas le choix, elle le connaissait très bien.

Le fils d'ouvrier: Il porte un discours amer et rageur sur la société actuelle, sur les hommes politiques au pouvoir. Pour lui, ils (les politiques) ont pris leur vie. Dans une vidéo adressée à son fils , destinée à l'anniversaire de ses dix huit ans, il se montre sans fioritures. Oui, il est rongé par l'alcool. Oui, sa condition est pour lui en quelque sorte un complexe, d'où son envie de revanche, en devenant « le plus cultivé des fils d'ouvrier », selon ses propres mots. Pour lui, on ne sort pas de sa condition, un fils d'ouvrier reste fils d'ouvrier quelque soit son parcours. Dans ce sens, il me fait penser au fils du film « Ressources humaines ». Devenu cadre de l'usine employant son père ouvrier, il se voit obliger de licencier son père ainsi que les collègues de ce dernier, telle une trahison. Il reste toujours un fils d'ouvrier. Je l'imagine aisément étudiant fortement politisé, membre d'une organisation quelconque, association ou syndicat, tenant des tables et prenant la parole lors des Assemblées Générales. Et puis un jour, vient l'usure, plus d'envie, on n'y croit plus. Il est celui qui dit clairement que nous sommes des pions sur un échiquier, métaphore largement utilisé également pour parler des soldats dans les films pacifistes. Je pense notamment à ceux évoquant la guerre du Vietnam comme « Platoon » d'Oliver Stone ou « Full Metal Jacket » de Kubrick. D'une certaine façon, il ne souhaite plus faire partie de cette société. Sa nouvelle condition lui permet d'obtenir une certaine liberté. Par contre, rien ne nous est dit sur le pourquoi de sa déchéance. Est-ce simplement par choix de ne plus faire partie d'un système: ni travailler, ni payer de factures, ni consommer ou du moins ni acheter pour consommer?

« Jésus »: A l'instar du précédent, il s'interroge sur la société actuelle, nous interpelle directement.
Cela reste très succint et peut paraître moralisateur. En quelques secondes, il rappelle l'origine des fortunes de certains grands industriels, tous ont eu de gros contrats juteux grâce aux guerres (notamment la seconde). En quelques secondes, il nous rappelle notre propre collaboration à leur enrichissement. En effet, au lendemain de la guerre, n'aurait-il pas été judicieux que ces entreprises deviennent propriétés de l'État? Mais, son surnom lui vient surtout de son discours sur l'amour et Jésus. De plus son physique rappelle l'iconographie utilisée pour représenter le fils de Dieu. Aidé par la prise de drogue, il s'adresse à ses camarades complètement nu. Rires du public, moquerie ou agressivité des autres personnages. Il va de l'un à l'autre, prêchant la bonne parole, à l'instar d'un Témoin de Jéhovah ou d'un Évangéliste à bord d'une rame de métro.
Sa prestation m'a également fait penser au film « Hair » de Milos Forman où drogue (ici l'héroïne, dans le film le LSD) et discours sur l'amour universel se retrouvent à l'unisson. Finalement, que ce soit les années 70, XXème siècle et les années 10, XXIème siècle, l'être humain semble aspirer toujours à la même chose, sans jamais réellement se donner les moyens d'y parvenir. Il est aussi celui qui va le plus loin dans la provocation, amenant tout à coup l'effroi au sein du squat et de la salle. Pour la raison très logique et scientifique que l'œil soit l'un des organes les plus irrigués, il s'y injecte donc sa dose. C'est cette logique plus que le geste, selon moi, qui transmet ce malaise. Bien sûr, s'ajoute à cela l'absurdité totale, puisqu'en agissant ainsi, il s'aveugle au sens littéral du texte. On est ici loin de l'image d'un Jésus en souffrance, couronne d'épines sur la tête et perles de sang sur le front. Les larmes ensanglantées du personnage viennent ainsi interroger une dernière fois le public. Pourquoi sa dépendance l'a-t-il conduit à cet acte irréparable? Pourquoi aucun des autres personnages n'a-t-il bougé pour l'en empêcher, mimant le même cri faible d'effroi que celui de certains spectateurs? Ils semblent être tous incapables d'agir; mais nous le sommes nous? Pour lui, seul compte arriver de nouveau à un stade de bien-être jusqu'à la nouvelle dose et ainsi de suite; tant pis s'il ne voit plus l'environnement dans lequel il vit. A moins que le but recherché soit également celui-ci. Une autre forme de délivrance, peut-être?

Le ou la SDF: Ce personnage est effectivement incarné par une femme, mais j'ai toujours un doute sur son sexe. S'agit-il d'un homme ou d'une femme? Est ce que la rue lui a retiré toute trace de féminité, d'âge? Il ou elle a eu une famille. Il ou elle a eu un poste haut placé. Il est le dernier des personnages à nous interpeller sur l'état de la société actuelle: hyper-surveillance, manque de liberté, manque d'un but réel dans la vie. C'est la perte de sa fille, la dépression qui lui fait prendre conscience de l'absurdité de cette vie, se résumant pour lui à travail et hausse de salaire. Son histoire de camp retranché pour personne ayant une bonne situation m'a fait également repensé à un film, dont j'ai oublié le nom. Un film où le camp retranché se transforme véritablement en prison pour ses habitants, d'autant plus qu'un meurtre vient de se produire dans le voisinage. Mais, sans parler de ces camps, il suffit d'observer l'accumulation des caméras de surveillance dans les rues, métro ou bus pour en tirer les mêmes conclusions. A cela s'ajoute les contrôles, et bientôt grâce aux nouvelles carte d'identité le fichage de milliers d'individus, n'ayant commis aucune faute (sous couvert d'empêcher l'usurpation d'identités). Il est celui qui a refusé de rester dans les rangs. Il a décidé de ne plus faire partie de ce système. Il a fait le choix de rentrer dans la marginalité, provoquant l'incompréhension de ces anciens collègues de bureau. Fini les heures supplémentaires, les hausses de salaire, la vie vouée au travail sans savoir pourquoi il le fait. Là est le véritable problème: quel est le sens de ce que je fais? Pour quoi et pour qui? Questions que se posent bon nombre d'employés aujourd'hui, certains connaissent la dépression, arrêt de travail à répétition, au pire le suicide. Pour d'autres la démission et la recherche d'un autre travail pour de nouveau, un jour ou l'autre, peut-être se reposer les mêmes questions.

L'homme en fin de vie (le séropositif): il est celui qui m'a le plus mise mal à l'aise. Il m'a beaucoup déstabilisé, notamment durant son monologue. Il y a quelque chose de malsain en lui, quelque chose de violent. Je crois en fait qu'il s'agit d'une carapace, pour ne pas éveiller la pitié du fait de sa maladie. Il est tout de même détestable quand il évoque Dostoïevski pour culpabiliser encore un peu plus la prostituée qui vient de se faire agressée. Puisque chacun est responsable de ses actes et de ce qu'il lui arrive, elle est responsable également d'avoir été frappée par un inconnu. Elle est avant tout une victime. Il est vrai que la notion de victime est assez récente, de même que l'attention qu'on leur porte. Il est vrai aussi qu'à part « Crimes et châtiments », je ne connais pas assez son œuvre.
Le malaise naît également d'un certain plaisir qu'il prend à se salir, se barbouiller de rouge puis de noir le bas du visage pendant qu'il parle. Le rouge figure le sang et le noir le pétrole. Il s'enlaidit. Il met un masque par dessus un autre masque, celui qu'il porte tous les jours. Il se croit laid, sans doute a-t-il été victime du regard des autres.

Les trois mères prostituées: Quelques mots sur elles. L'une a décidé d'élever seule ses enfants, rejoignant les statistiques des familles mono-parentales, des mères qui doivent assumer travail et leur rôle de mère. Or ici, pas du fait de sa profession mais de sa dépendance, ses enfants sont livrés à eux-même. Ils doivent apprendre à se débrouiller eux-même. Je ne tiens pas à la juger, mais il est clair que pour commencer sa vie, avoir confiance en soi et donc en les autres, se construire un avenir, cela risque d'être difficile pour eux. Bien sûr, tout dépend de leur façon de ressentir les choses et de s'adapter. Les deux autres ont préféré confier (à moins que ce ne soit les services de protection de l'enfance) leur enfants à des familles d'accueil. Ils connaissent l'existence de leur mère malade, sont toujours en lien avec elles. Je crois qu'elle a fait un bon choix, si ce lien s'accompagne d'une explication simple: l'état de maman ne lui permet pas de t'élever convenablement et de t'apporter tout ce dont tu as besoin; mais elle est là, elle existe et elle t'aime. Choix aussi de l'avortement à l'adolescence après un viol, comme elle le dit elle-même, quelle vie aurait eu cet enfant si elle l'avait gardé, c'était perdu d'avance.

Ces dernières considérations me permettent de passer à mon second point. La violence qui est partout, dans toute la pièce, physique ou verbale. Une violence qui se vit et qui se raconte aussi, du fait du passé de ces personnages. Une violence qui se perçoit, qui nous prend à la gorge. En fait, c'est cette violence qui nous prend en otage, comme elle a pris en otage les habitants de ce lieu.
Il y a d'abord les cris et les injures, les coups que l'on porte à son camarade d'infortune ou à sa petite amie. Il y a les violences que l'on s'afflige à son propre corps: drogue, injections, prostitution, détestation de soi. Il y a ces rapports à l'autre, à l'amour notamment qui sont complètement faussées, du fait de cette violence. Il ne s'agit que de domination ou de soumission. Prenons par exemple, leur petite entreprise de réaliser un film pornographique. Évidemment, le fait de pouvoir se faire de l'argent y est également pour quelque chose; mais les rapports hommes femmes sont loin d'y être idylliques. Les codes de ces films ont infiltré leur façon de penser le sexe, ces films ont empoisonné quelque part toute la société dans laquelle nous vivons, au point que certains y voit une référence.
La violence est surtout celle qui ne se voit pas sur le plateau, tout autour d'eux la société est hostile à leur existence. Elle commence par l'allusion aux regards de ses ouvriers du bâtiment posés sur la fille en rouge et au malaise qu'elle ressent alors, regards libidineux sans doute qui forcément heurtent sa sensibilité. Par la suite, il est question d'un chirurgien qui fait son tour par là, danger pour les filles qui évitent à tout prix de le rencontrer. Est ce un tueur en série? Un pervers? Le public ne le saura jamais, mais le simple fait d'avoir changé de direction et de lancer cet avertissement, ajouter à cela la profession de cet homme (un savant fou, tel le docteur Moreau?) et une angoisse plane. Cette violence s'infiltre également sur le plateau, deux des prostituées se sont faites agressées. L'une racontera de manière un peu confuse qu'un homme l'a frappé, l'autre arrivera dans le squat avec derrière elle des bruits de verre brisé. Quelqu'un ou plutôt plusieurs hommes (encore une fois) lui ont fait traversé une fenêtre. En écrivant ces lignes, je constate en effet que la violence est surtout exercée sur les femmes par des hommes. Au nombre de femmes encore violées aujourd'hui ou battues par leur conjoint et qui meurent encore sous leurs coups, il est logique de retrouver ici toute la palette de ces agissements. Et nous savons qu'une femme qui vit dans la rue ou dans des conditions difficiles, risque de subir encore un peu plus ces violences. Bien sûr, l'auteur n'a pas été dupes. Il sait que ce n'est pas seulement la misère ou l'alcool ou la drogue qui favorise cela, d'où la création de ce personnage de poète, qu'on imagine ici d'un milieu bourgeois et qui ne connaît que trop bien le visage cruel de celle-ci. Cette violence se traduit également par l'indifférence de cette société pour le sort de ces « marginaux », étiquette qui les range de suite au placard; plus rien à faire pour eux, ils ne peuvent recevoir aucune aide, de toute façon en veulent-ils...Mais pour vouloir de cette aide, pour garder un petit espoir, il faut déjà se sentir exister dans les yeux de quelqu'un, y compris un inconnu. Je ne parle pas ici d'un regard de pitié ou de dégout, cela ils le connaissent aussi. Cette indifférence est cristallisée de manière effrayante lorsque l'ancien(ne) cadre dirigeant(e) déclare: « nous n'existons plus ». Ceci me rappelle une citation de Martin Luther King: « Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants mais l'indifférence des bons ».
Il y a aussi la violence qui a l'air anodine des voisins de la jeune fille en rouge qui ont peur d'elle (trop différente) et qui donc cherchent à la faire partir, un peu comme ces gens qui dénoncent des sans papiers ou plutôt qui lancent de sournoises attaques en parlant sur untel ou unetelle (les rumeurs, les cancans...)
Heureusement, le metteur en scène a su ajouter quelques moments de transition, de soulagement pour le spectateur, ce qui lui permet aussi de nous surprendre. Je pense notamment à ce petit chien, qui ne sait pas ce qu'il fait là mais qui du fait de son apparition apaise un peu la jeune fille ainsi que le public par la même occasion. La scène du tournage ou plutôt de l'essai de tournage très drôle du fait de son insuccès. D'ailleurs, le seul moment où l'exhibitionniste pourrait enfin assouvir son désir, il en est dans l'incapacité: sans doute du fait de la caméra, doublée par l'œil de la réalisatrice qui lui donne ses directives. L'exhibitionniste face à ce voyeurisme qui non seulement accepte mais aussi lui demande de jouer le jeu, perd tout ses moyens. Le dernier moment se passe sur un écran, telle une parenthèse. J'ai d'abord pensé que cela devait être le final de la pièce, puis que les personnages avaient peut être cessé d'exister, pour laisser place aux acteurs. Nous les voyons tous à une fête, dans une pièce qui n'a pas l'air d'être le squat, peut-être sont ils chez quelqu'un. C'est aussi l'épisode le plus « Hair » de la pièce. Ils semblent enfin tous s'entendre parfaitement, profiter de leur soirée, de l'instant présent, être.

Je souhaiterai maintenant aborder un dernier point: ma vision du squat, s'il s'agit bien d'un squat ici.
Je suis partie de ce principe, ce qui m'a amené à m'énerver quelque peu sur les clichés qu'on nous servait. Un squat est un endroit sale, insalubre, où tous les rebuts de la société se retrouvent pour tenter de survivre, où il y a forcément de la violence, de la drogue, de l'alcool.
Je sais qu'effectivement certains squats voient le jour, faute de mieux dans d'anciennes usines ou en sous-sol, loin de tout confort moderne, le système D est de rigueur si l'on souhaite ne pas renoncer à sa toilette du matin ou simplement se chauffer. Mais ce que je connais surtout des squats, c'est des endroits bien organisés, avec chauffage, électricité et eau, avec de la solidarité. Ici, les habitants n'en font pas spécialement preuve. L'individualisme, comme dans la vie autour, semble être de mise.
Or dans les squats que je connais, des collectifs se montent, des associations viennent y installer des permanences. Ainsi, les habitants ou les visiteurs réguliers peuvent y trouver assistantes sociales, avocats, médecins ou psychologues. C'est essentiellement « Médecin du monde » qui a organisé une aile (ou section) spécialisé dans l'intervention dans ces lieux, pour aider notamment sans-papiers ou Roms. En plus de cette aide, ils y font de la prévention en laissant préservatifs, petites poubelles pour recevoir exclusivement seringues usagers, numéro de téléphone personnel pour appeler à tout moment ou presque.
Ces collectifs plus ou moins politisés à l'instar de « Jeudi noir » ou « Intersquat » regroupent également bon nombre d'étudiants et d'artistes, où notre poète et le fils d'ouvrier mais aussi l'ancien cadre auraient pu y trouver une place. Plus simplement, s'instaure une véritable vie en communauté avec participation aux taches domestiques, aux courses, à rendre le lieu vivant, avec également ces tensions inhérentes à toute vie en communauté.
Les squats que je connais sont aussi ouverts sur le monde, contrairement à celui-ci, l'autre n'est pas qu'une menace. Cela passe par l'organisation d'expositions, de projections ou de soirées (avec personnes s'assurant de la sécurité, fermeture des portes dés que la capacité d'accueil est atteinte), de journées portes ouvertes, de permanences pour accueillir les voisins notamment. Bref, on favorise la communication pour expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons là, pour rassurer aussi, non nous ne sommes pas là pour dégrader un endroit mais pour y vivre.
Les squats que je connais sont aussi le bons moyens de se détacher de certaines obligations et permettre aux habitants de vivre tout simplement de leur passion ou simplement étudier. Je parle évidemment du travail à temps plein ou partiel, du loyer ou des factures. Certains y retrouveront sans doute à redire mais dans une société idéale qui appliquerait réellement la déclaration universelle des droits de l'homme: la question d'un toit au dessus de sa tête, d'avoir de quoi se nourrir ou se vêtir, de se déplacer ne se poserait plus, car assurée par la société même. Alors forcément dans une société idéale moins d'heures travaillées et de capitalisme, moins de consumérisme à tout va aussi. Dans certains squats, c'est ce qu'on y trouve plus ou moins. Il est difficile de s'extraire du système existant, puisqu'on ne connaît que celui là.
Les squats que je connais procurent déjà une bonne alternative ou une bonne force de résistance à un monde qui nous conduit droit dans un mur.
Ces squats là sont une de mes lueurs d'espoir dans cette société.

En quelques pages, j'ai ici tissé des ponts avec notre quotidien, ma façon de voir ce quotidien, le cinéma encore et toujours, mes rencontres, ma propre expérience de vie parfois. Constat un peu amer d'une société injuste qui ne se donne pas les moyens de changer parce que ceux qui détiennent tous les pouvoirs ne le souhaitent pas et que chacun d'entre nous, enfermés dans notre petite routine, notre petite vie, ne regardons pas assez loin et parfois préférons s'aveugler à l'instar de « Jésus », s'abreuver des mêmes recettes surfaites pour nous maintenir dans cette docilité servile.
Ce texte et cette pièce jouent en tout cas parfaitement le rôle que je souhaite pour l'art et la culture, celui de r-éveillez les consciences, de tenter de faire bouger les choses, de crier ce que par habitude nous ne voyons plus. Tant que des artistes engagés existeront, alors je suis rassurer. Bien sûr, vient ensuite le problème de la transmission de ses œuvres et de la possibilité d'accès, pour des raisons économiques mais aussi parce que le grand public se tourne plus facilement vers du divertissement, à moins que le divertissement soit plus facile à trouver, puisqu'il suffit d'appuyer sur la télécommande d'une télévision ou d'une console de jeux. Aux artistes alors d'aller vers nous, d'employer parfois des chemins détournées, de taper fort au risque parfois de s'attirer la foudre des bien-pensants et d'une censure qui ne dit pas son nom. Aux éducateurs, professeurs d'aider certains jeunes aussi à aller vers ces artistes. Dans une société formatée, malgré l'émergence de nouveaux indignés et de groupes tels que les Anonymous ou le parti pirate allemand, la route est encore longue pour de réels changements.



un lien
http://www.laparafe.fr/2012/01/salle-dattente-de-krystian-lupa-a-la-colline/

lundi, février 06, 2012

Manu Chao - Bella Ciao




merci à celui qui a publié cette vidé av en prime les paroles, suffit de dérouler en cliquant sur plus.... et y'a même la version originale!
certains penserons qu'il suffit de copier coller oui peut-être mais lui a pensé à tous ceux qui n'y penseraient pas, n'auraient pas le temps ou ne le prendraient pas ce putain de temps